Malgré les qualités reconnues du V8 de la M3 E90, la E46 reste un monument aux yeux des puristes. Elle fut en effet l’ultime génération à profiter du traditionnel six cylindres en ligne qui imposa sa loi pendant près de quinze ans dans la catégorie des berlines à hautes performances. Pour cette troisième mouture, BMW a ainsi profité de la base du 3,2 litres de la E36 et l’a profondément remanié afin d’en extirper 22 ch supplémentaires et 1,3 mkg de couple disponible 1 650 tours plus haut. Au final, la cylindrée grimpe à 3 246 cm3, tandis que la puissance maxi s’établit à 343 ch. A titre de comparaison, une Porsche Carrera de l’époque (type 996) n’en affichait “que” 320 tout en étant 20 000 euros plus chère…
Malgré quelques problèmes de motricité au démarrage, les performances annoncées sont plus qu’honorables, même de nos jours, avec un 0 à 100 km/h réalisé en 5’’5 et un mille mètres départ arrêté sous la barre des 25’’. Si cette M3 impressionne par sa bestialité, elle séduit également par sa disponibilité à bas régime, assurée par un système de calage variable des arbres à cames (Vanos double), et par une souplesse procurant une large plage d’utilisation. La polyvalence est donc au rendez-vous, mais le principal attrait de ce bloc demeure avant tout sa capacité à atteindre des régimes de rotation très élevés. La totalité de la puissance est en effet délivrée à 7 900 tr/mn, tandis que le rupteur intervient 300 tr/mn plus tard. Musicalement, la voix métallique du six cylindres est un véritable hymne dont on ne se lasse jamais. Esthétiquement, la lignée des M3 a toujours affiché ses prétentions sportives via des galbes généreux et agressifs. La E46 ne déroge pas à cette règle et se dote d’un arsenal aéro plus que suggestif.
Equilibre parfait
Quelle que soit la carrosserie, coupé ou cabriolet, elle dispose d’ailes copieusement élargies, d’un bossage sur le capot et d’un petit béquet qui surmonte la double sortie d’échappement. Malheureusement, l’habitacle ne profite pas d’un traitement sportif équivalent. Les baquets enveloppants, le tachymètre gradué jusqu’à 300 km/h et le levier de la boîte séquentielle SMG II indiquent tout de même que l’on n’est pas installé dans une banale Série 3. Cette transmission, disponible en option, était chargée de faire oublier la première version de SMG apparue en 1996. Elaborée par Sachs, elle profite de onze programmes de gestion différents dont les plus sportifs mettent en exergue une rapidité d’exécution bluffante pour l’époque.
Très saine grâce à une répartition des masses idéale, la E46 jouit d’un équilibre parfait. Le train avant se montre incisif, répond à la moindre impulsion au volant et n’affiche qu’une légère tendance sous-vireuse à la limite. La suspension très ferme associée aux roues de 18 pouces ne laisse aucune place au confort. Mais qui s’en plaindra ? La M3 est avant tout une propulsion sauvage, extrêmement efficace, et qui demande à être domptée si l’on ne souhaite pas se retrouver dos à la route… Un nouvel autobloquant baptisé M Variable de type visco-coupleur a fait son apparition afin d’assurer une bonne motricité en courbe. En revanche, le système de freinage se montre réellement insuffisant au regard des performances affichées