En 1986, la première M3 est née sous le signe de la course. Six ans plus tard, la compétition coule toujours dans les veines des ingénieurs du département Motorsport, mais les ambitions commerciales ont changé. Forte du succès de la E30 et parfaitement consciente du potentiel de sa recette, la marque à l’hélice entend faire entrer la deuxième génération, nom de code E36, dans une autre dimension. Le discours officiel est clair : « L’engin de sport intransigeant misant rigoureusement sur l’aptitude à la compétition doit être remplacé par un coupé discret et élégant, animé par un moteur musclé ».
Esthétiquement, cette volonté se traduit par une grande sobriété. Adieu les ailes enflées et l’imposant becquet, la M3 se contente de petites touches distinctives comme ce détail qui fera le bonheur des rois du tuning pendant des années, les fameux rétros à doubles branches. La Bavaroise perd en agressivité ce qu’elle gagne en carrure. La carrosserie prend 10 cm en longueur, 3 cm en largeur et autant en hauteur, au bénéfice de l’habitabilité mais avec à la clé un embonpoint de plus de 200 kg. Les dents grincent mais, très vite, les critiques vont se dissiper face aux prestations offertes par le nouveau six en ligne. Ce bloc de 3,0 litres doté d’un papillon par cylindre (tradition maison) et 24 soupapes affiche près de 100 ch/litre, un rendement exceptionnel à l’époque pour un atmosphérique. A noter qu’un nouveau système, baptisé Vanos, fait son apparition. Il permet de faire varier le calage de l’arbre à cames d’admission, un raffinement pour ainsi dire révolutionnaire au début des années 90.
Un vrai régal
Avec 286 ch à la clé, soit un gain de 66 ch par rapport au 2,3 litres de l’ancien modèle, la M3 change de catégorie en performances pures. Elle ne se bat plus avec la Porsche 968, elle vient désormais chatouiller la 911 qu’elle surclasse même en puissance tout en étant 40 % moins chère !
La M3 offre ainsi un rapport prix/plaisir imbattable, d’autant plus qu’elle n’a pas juste un moteur à la sonorité métallique ensorceleuse et des accélérations dignes d’une GT, elle affiche aussi des qualités dynamiques hors pair. Comparé au châssis d’une Série 3 standard, celui de la M est renforcé et abaissé de 31 mm tandis que la suspension est copieusement raffermie. L’auto est un vrai régal à la limite, efficace ou joueuse selon l’humeur, avec une poupe très mobile et un équilibre époustouflant. L’impression de facilité au volant est déconcertante. Empruntés à la M5, les freins demeurent le seul point noir mais ne parviennent pas à entacher le bilan dynamique remarquable de cette sportive d’anthologie.