Lors de sa présentation en 2005, la M6 a renoué avec la lignée des coupés sportifs haut de gamme initiée voilà plus de 25 ans avec la mythique M635 CSi. A l’instar d’une M5, le vaisseau amiral de la firme bavaroise manie habilement distinction et agressivité. Les signes ostentatoires de sportivité sont ici bannis au profit d’éléments esthétiques discrets qui lui confèrent un charisme indéniable. Au premier coup d’oeil, seuls les plus avertis sont capables de faire le distinguo avec une “banale” 650i. Cette relative sagesse est cependant trahie par quatre sorties d’échappement, un diffuseur arrière, des jantes de 19 pouces au dessin très épuré ou encore un toit en carbone quatre fois plus léger qu’un homologue en acier.
Dans le poste de pilotage, seule la griffe M apposée sur le volant laisse présager des velléités sportives de la bête. Tout le reste n’est que luxe et raffinement : cuir intégral, boiserie, réglages électriques à foison… Le tarif de 115 500 euros, bien qu’élitiste, était presque raisonnable face à une Mercedes CL55 AMG affichée 35 000 euros de plus. Une pression sur le bouton Start suffit à éveiller la pièce maîtresse qui loge sous le capot.
Le bloc en question n’est autre que le V10 de 5 litres partagé avec la M5. Timide, voire aphone au ralenti, il ne révèle son véritable timbre qu’à l’approche des 6 000 tr/mn pour ensuite dévoiler une sonorité grisante aux abords du régime maxi situé à plus de 8 000 tr/mn ! Les premières accélérations sont franches, mais pas pour autant exceptionnelles. Normal, puisque la cavalerie était limitée à 400 ch. Pour profiter de l’intégralité de la puissance, un long détour par l’ordinateur de bord s’impose.
Dans la cour des GT
Une impulsion sur la touche Power permet tout d’abord d’ouvrir complètement les papillons d’admission et de libérer ainsi les 507 ch ! Pour le reste, molette I-Drive sous la main, vous avez le choix entre trois lois d’amortissement, deux cartographies pour l’assistance de direction, six programmes différents pour la boîte SMG à sept rapports, et enfin trois positions pour le contrôle de trajectoire DSC. Une fois les réglages configurés et mémorisés grâce au bouton M-Drive, la M6 se transforme en un missile qui assène un véritable uppercut à chaque passage de rapport. Le 0 à 100 km/h est réalisé en 5’’2, tandis que le mille mètres départ arrêté est identique à celui d’une Dodge Viper SRT-10 (22’’8). Avec de telles performances, la M6 entre dans la cour des GT les plus performantes.
Elle séduit surtout par une relative docilité à bas régime qui se transforme en bestialité une fois l’ascension du compte-tours entamée. Ces côtés pile et face se retrouvent également dans le comportement.
A un rythme coulé, la Bavaroise chouchoute ses occupants mais, si l’envie vous prend de la brusquer un peu plus, elle dévoile un équilibre exemplaire malgré son poids (1 761 kg mesurés). Seules les longues courbes mettent en exergue un léger flou du train avant et une poupe qui a tendance à se dandiner. Dans le serré, une simple impulsion au volant permet de placer la proue avec précision. Un geste plus vif autorise à l’arrière de déboîter, et ainsi d’engager progressivement grâce à la parfaite répartition de la puissance exercée par l’autobloquant. Le tout s’effectue dans une étonnante décontraction, mais le grand frisson est malheureusement absent… Malgré ses grandes qualités dynamiques et son moteur d’anthologie, la M6 est devenue plutôt accessible. Un bel exemplaire peut kilométré se négocie à moins de 40000 euros.