Au Salon de Francfort 1983, Porsche présente le concept Gruppe B dont Helmuth Bott est à l’origine. L’ingénieur en chef de Porsche souhaite alors créer un nouveau modèle, plus rapide et puissant que la 911 et qui pourra être engagé en rallye dans la très disputée catégorie Groupe B. Cette dernière a vu naître de véritables monstres équipés de transmissions intégrales et de moteurs suralimentés avoisinant les 500 ch, comme la Peugeot 205 T16 ou bien l’Audi Sport quattro. Pour répondre à la réglementation, un véhicule de Groupe B doit dériver d’un modèle de série produit au moins à 200 exemplaires. C’est dans ce but que sera créé la 959, une supercar commercialisée en 1987 pour 1,7 million de francs! Sous le capot, on trouve un flat 6 de 2,8 litres biturbo.
Le premier turbo se déclenche dès 1200 tr/mn, le deuxième prend le relais au-delà de 4 000 tr/mn. Comme sur la 935/78 LM, le moteur est refroidi par air et les culasses à quatre soupapes par cylindre par eau. Les bielles sont en titane, les pistons en alu forgé et les cylindres traités au Nikasil, un revêtement limitant les frottements lorsque deux pièces en alu travaillent directement l’une contre l’autre. Ce bijou technologique développe 450 ch et 51 mkg de couple. Une transmission intégrale gérée électroniquement est chargée de répartir au mieux la puissance: de 50/50 en cas de mauvaise adhérence à 20/80 en phase d’accélération, en passant par 40/60 en condition normale. Un système innovant, lourd et cher mais très efficace.
La boîte de vitesses conçue avec Borg-Wagner est assez particulière. Elle possède six rapports dont un nommé G (pour Gelände, tout-terrain) placé avant la première. Ultracourt, ce rapport permet essentiellement de gravir de fortes pentes à vitesse réduite.
3”9 de 0 à 100 km/h
La 959 est également dotée de suspensions réglables en hauteur et en fermeté. Ces réglages peuvent se faire indépendamment via des commandes dédiées sur la console centrale. En temps normal, hauteur de caisse et fermeté des amortisseurs sont automatiquement assujetties à la vitesse.
Plus la voiture va vite, plus elle s’abaisse et plus les amortisseurs se raidissent. Pour réduire le poids lié à tout cet arsenal technologique et à l’équipement riche (climatisation, sièges électriques, système de surveillance de pression des pneus…), Porsche a installé des éléments légers: capots et portières sont en aluminium, alors que la carrosserie est en résine époxy renforcée de kevlar. Les jantes en magnésium aux branches creuses sont chaussées de pneus Bridgestone RE71 de type Denloc (système permettant de rouler à plat), alors que Porsche avait collaboré à la conception de cette technologie avec Dunlop… Le poids est malgré tout de 1450 kg. Ce qui n’empêche pas un 0 à 100 km/h en 3’’9 et une vitesse maximale de 315 km/h, en partie grâce à l’aérodynamique travaillée permettant d’afficher un Cx de 0,31.
Enfin, l’habitacle ne dépayse pas les possesseurs de Porsche puisqu’il s’agit plus ou moins de celui de la 911. On trouve l’instrumentation à cinq compteurs et l’ergonomie typique de la sportive. Pour les plus radicaux, Porsche proposait une 959 Sport affichant 100 kg de moins grâce à la suppression de la suspension adaptative, de la climatisation, de la condamnation centralisée ou encore des vitres électriques.