En 1995, Porsche avait imaginé la 993 GT2 destinée à l’homologation en GT. Fille des circuits échappée sur la route, elle marqua les esprits par son caractère unique et des performances incroyables pour l’époque (km départ arrêté en 21’’8 et 0 à 100 km/h en 4’’1) mais sa production resta très confidentielle. Avec la 996, Porsche remet le couvert et résout une équation magique : GT3 + Turbo = GT2 ! La 911 ultime reçoit les hanches larges de la Turbo mais affiche une plastique plus virile, avec des entrées d’air plus nombreuses, à l’image de celles incorporées dans l’aileron, ayant pour mission d’alimenter le bouillant flat-six mais aussi de réduire les effets de portance.
Cette quête d’appui se traduit notamment par une inédite fente pratiquée à la base du capot avant permettant d’évacuer une partie de l’air circulant sous la voiture et de plaquer le nez au sol. Les passagers prennent place dans de somptueux baquets au parfum de course, mais l’intérieur reste étonnamment cossu. Malgré cela, un gros travail d’allégement a permis à la GT2 de rester largement sous les 1 500 kg quand une Ferrari 550 Maranello frisait 1,7 tonne. Face au pilote, l’éternel comptetours central est accolé au tachymètre affichant 320 km/h, et ce n’est pas du pipeau… Le flat-six cube 3,6 litres tout ronds. Gavé par deux gros turbos K24, il délivre 462 ch pour un couple copieux de 62 mkg !
Force colossale
Par rapport à la Turbo (“seulement” 420 ch), la gestion moteur a été revue et la ligne d’échappement reçoit de nouveaux catalyseurs. Sur le papier, elle reste un ton en dessous des Lamborghini Diablo et autres Ferrari Maranello mais, dans la pratique, la GT2 surclasse ses deux rivales en performances pures et entre de plain-pied dans la catégorie des supercars. Amplifiée par un étagement de boîte impeccable, la poussée est oppressante, sans fin.
Même au passage de la six à plus de 250 km/h, la force colossale de la mécanique assène encore un véritable upercut. Résultat : 21”9 au 1 000 m D.A. contre 23”2 pour la Turbo, et 315 km/h accrochés en toute décontraction ! Adapté à ces performances d’un autre monde, le châssis (réglable tous azimuts) est très largement inspiré de celui de la GT3. La légèreté typique du train avant reste d’actualité, mais à la moindre impulsion vive au volant, la proue se rue à la corde avec un panache digne d’une voiture de course. Pour le reste, la GT2 n’a rien d’un monstre indomptable, elle est même très saine et franche dans ses réactions.
La déferlante de couple est plutôt bien digérée par les seules roues arrière, bien aidées dans leur tâche par un différentiel autobloquant musclé et des gommes extralarges. La délicatesse reste néanmoins de mise avec les gaz, mais le vrai problème demeure le cerveau du pilote qui réagit moins vite que le paysage défile. Rien ne semble pouvoir arrêter cette force de la nature, exceptés les freins PCCB en céramique montés en série, tout bonnement indestructibles sur route mais déconseillés aux pistards compte tenu des risques de fissure en cas d’escapade dans un bac à graviers…