Dans le cercle très fermé des supercars, la Carrera GT occupe une place privilégiée. Plus sportive que la Mercedes SLR et moins élitiste que la Ferrari Enzo, cette Porsche s’adresse aux connaisseurs, certes fortunés, mais qui placent l’homogénéité dynamique en tête de leurs préoccupations. Il suffit d’entrouvrir le capot moteur pour s’en convaincre. La rigueur et la qualité du travail accompli sautent alors aux yeux. Comme en Formule 1, on découvre ici une architecture particulièrement performante, avec une implantation centrale arrière du moteur, une boîte de vitesses transversale accolée par derrière et des suspensions à basculeurs.
V10 qui aboie
Destiné au départ à la compétition, le V10 qui aboie inlassablement dans le dos des occupants présente un angle de 68°. Hormis quelques modifications mineures, il conserve tous les attributs d’un engin de course, comme en témoignent les bielles en titane ou la distribution à l’entraînement mixte : chaîne à maillons et cascade des pignons. Autre particularité : sa gestion électronique est capable de gérer chaque banc de cylindres séparément, comme s’il s’agissait de deux moteurs indépendants ! Petit bémol en ce qui concerne le mode de sélection des vitesses puisque, à l’heure où les boîtes robotisées, commandées ou pas depuis le volant, semblent se généraliser, cette Porsche a priori si avancée propose un “simple” levier sur la console centrale, coulissant sur une très classique grille en H. Cela ne l’empêche pas de réaliser des chronos ahurissants : 330 km/h en pointe, 3’’9 pour atteindre 100 km/h, et seulement 20’’ pour un kilomètre départ arrêté !
Malgré un poids total de 1 380 kg, la vigueur stupéfiante des 612 ch annoncés vous fait basculer dans une autre dimension lorsqu’on ose ouvrir l’accélérateur en grand. Or la parfaite maîtrise de la libération de la puissance est surtout mise en évidence par les qualités intrinsèques du châssis. Sa construction légère et très rigide en raison de la présence d’une coque en carbone (baie de pare-brise comprise !) n’est pas étrangère à l’affaire. Du coup, le plus petit geste au volant est immédiatement répercuté aux roues sans la moindre inertie et avec une extrême précision. Du grand art !
Bien entendu, le pilotage d’une telle auto exige des aptitudes supérieures à la moyenne. Car s’il semble facile de rouler vite avec, il sera beaucoup plus délicat d’en trouver les limites.