La R8 a fait couler beaucoup d’encre. La critique l’a encensée, au point de la propulser aux avant-postes de la catégorie, devant une certaine 911 997 qui n’en croit pas ses yeux globuleux Le département sportif Quattro a frappé fort en termes de design. La R8 a la prestance d’une supersportive et suscite autant d’enthousiasme qu’une Ferrari ou une Lamborghini… Au hasard. Tout en la rattachant à la marque, Audi est parvenu à lui conférer une forte personnalité : calandre single frame, regard souligné de LED, panneaux latéraux, poupe spectaculaire. Et il faut reconnaître que ces traits fluides et sensuels ont très bien vieilli. À bord, l’impression d’espace est surprenante de la part d’une auto de ce calibre, comme le confort ou la qualité de finition. La position de conduite est un peu haute, mais on se console vite en jetant un oeil vers l’arrière. La mécanique trône, juste-là, et s’expose telle une vitrine de joaillier. À ses débuts, la R8 se contente d’un V8 pour ne pas froisser la cousine Lambo’ (à l’empattement raccourci de 9 cm), avec qui elle partage sa coque Space-Frame et sa transmission. On retrouve ainsi un 4,2 litres bien connu, puisqu’il gronde et chante jusqu’à plus de 8 000 tr/mn à bord d’une RS4. Chaleureuse, poignante, cette mécanique ne procure toutefois pas le grand frisson. Si sa voix reste sur la réserve, ce V8 à carter sec et injection directe enchante par sa souplesse qui mue crescendo en rage inépuisable. Ce filtre mécanique est en adéquation avec celui ressenti au niveau du châssis, à allure paisible. La GT impressionne par sa docilité et ses bonnes manières. On a la sensation de rouler dans un gros TT, auquel on aurait greffé le V8 de la RS4. Très agréable certes, mais il manque le piment attendu de la part d’une berlinette à moteur central. Elle a le mérite de laisser le choix des armes en matière de boîte : robotisée à simple embrayage perfectible (et optionnelle) ou 100 % manuelle avec une belle grille aux accents métalliques délicieux. Miam.
Propulsion dans l’âme
Derrière ses airs de sainte-nitouche, la R8 cache un comportement exemplaire. Elle se place sans temps mort, en évitant de s’affaisser et de sous-virer malgré un poids élevé. Elle efface les obstacles avec une facilité déconcertante et repousse les limites d’adhérence à un point difficile à cerner sur routes ouvertes. Heureusement, notre circuit Club favori révèle ses ultimes secrets et un dynamisme insoupçonnable. Audi a trouvé le juste milieu entre panache et progressivité. N’allez pas croire que la transmission intégrale la rend ennuyeuse. Cette R8 se conduit comme une propulsion : équilibre, avant incisif, arrière joueur… Le visco-coupleur (épaulé par un autobloquant arrière) se contente d’envoyer maximum 35 % sur l’avant. Le conducteur est en symbiose parfaite, sans devoir se bagarrer au volant de cette version V8. La preuve en vidéo lors d’un comparatif mémorable avec la Corvette C6 et la BMW M3 E92 ! Si les accélérations ne traumatisent pas la concurrence, c’est le cas du temps au tour. Une 997 Carrera 4S se retrouve larguée à deux secondes ! La R8 est ainsi capable de tourner en moins de 1’25’’ et c’est avec le levier traditionnel qu’elle est la plus véloce : 1’24’’22 contre 1’24’’77. Par rapport à une Gallardo, la R8 se veut évidemment moins radicale, mais n’a rien à lui envier en termes d’efficacité et rajoute des réactions plus saines, homogènes. Cette insolente Audi a tout pour elle, sauf le piment mécanique qu’apportera plus tard le V10.