Lancée en 1986, la 80 marque un virage important mais, curieusement, Audi va attendre près de cinq ans avant de sortir une version vraiment sportive. Basé sur la 90 (légère évolution de la 80), le coupé S2 est commercialisé en 1991. La marque aux anneaux arrive presque après la bataille opposant la BMW M3 et la Mercedes 190 E 2.5-16, mais force est d’admettre qu’elle ne rate pas son entrée. La première d’une longue lignée de S ne manque pas d’arguments. Sa ligne sage mais fluide cache deux armes maîtresses qui vont parfaitement de pair : la transmission Quattro, et un cinq cylindres en ligne de 220 ch. Ce bloc est en réalité un cousin de celui qui équipa les mythiques Quattro qui raflèrent tout en rallye au début des années 80. On le retrouve également, cette fois à l’identique, dans la berline 200 Quattro 20V. Ce 2,3 litres est gavé par un turbo KKK soufflant à 0,75 bar. Cette assistance respiratoire permet d’obtenir 31,4 mkg de couple. Cette valeur, déjà exceptionnelle face à la concurrence, est obtenue à seulement 1 950 tours, un véritable exploit ! La réponse à l’accélérateur est donc franche et immédiate, au détriment du bon vieil effet turbo mais au bénéfice des relances à très bas régime. Dans les tours en revanche, on ne retrouve pas l’allégresse du quatre cylindres atmo à quatre papillons de la M3 E30, même si la musique caractéristique du cinq cylindres demeure fort sympathique.
La magie du 5 cylindres
Les performances affichées par la S2 sont remarquables, avec notamment 248 km/h en pointe et 26”5 au mille mètres départ arrêté. L’aérodynamique a été très soignée mais, surtout, la transmission intégrale permet de passer la puissance au sol en toute décontraction. Le système Quattro se compose d’un différentiel à glissement limité de type Torsen répartissant le couple entre les deux essieux, et d’un autobloquant mécanique sur le train arrière. L’ensemble ajoute une grosse dose d’efficacité et de polyvalence à un châssis irréprochable. Celui-ci a été revu de fond en comble. Aucune pièce ou presque n’est commune avec le reste de la gamme et, en prime, la caisse a été copieusement rigidifiée. En bonne Audi, la S2 est facile est très sécurisante. D’un point de vue purement sportif, elle freine fort, étonne par son aisance dans le rapide et par sa sérénité sur tous les terrains, mais les plus exigeants peuvent lui reprocher un comportement un peu pataud dans les parties très sinueuses. L’implantation presque en porte-à-faux du cinq cylindres et le poids relativement élevé de l’auto ne rendent pas la proue très incisive. A l’image de la lignée des S qui suivra, ce coupé n’est pas une sportive pure race, mais son homogénéité et sa facilité d’approche la rendent vraiment attachante. En 1992, la puissance passe à 230 ch, et la production sera stoppée en 1995.