Des boucliers un peu plus enveloppants, des jantes de 17”, une double sortie d’échappement, la panoplie distinguant la S3 d’une A3 ordinaire n’a rien de particulièrement bestial ou ostentatoire. Et pourtant, sous cette robe élégamment sportive se cache le moteur le plus puissant jamais implanté jusqu’ici dans une berline compacte. Le bloc en question remonte au début des années 80 – il anima notamment la Golf 1 GTI 1 800 – mais dans la petite Audi il n’a rien d’obsolète.
Nous retrouvons la culasse à cinq soupapes par cylindre inaugurée dans l’A4 en 1994, un raffinement rarissime partagé avec le V8 de la Ferrari F355. Mais son rendement exceptionnel de 118 ch/l, le quatre cylindres le doit essentiellement à la greffe d’un turbo KKK soufflant à 1 bar dans les conduits d’admission. Résultat : une puissance maxi de 210 ch, quand une Clio RS se contentera un an plus tard de 172, mais aussi 27,5 mkg de couple, disponibles de 2 100 à 5 000 tours : des valeurs dignes d’une Porsche Boxster 2.7. Bien sûr, les esprits chagrin s’offusquent de voir que dans le TT, la même mécanique développe 225 ch. La S3 bénéficiera de la même cavalerie en 2002, mais en attendant, ses 210 ch vont déjà lui procurer des performances jamais atteintes par une GTI.
Performante, pas passionnante
La petite bombe de la marque aux anneaux doit aussi ce pouvoir d’accélération époustouflant à ses quatre roues motrices qui permettent de passer toute la puissance au sol. Il ne s’agit pas de la vraie transmission Quattro utilisée par les “grandes” Audi. N’oublions pas que la S3 est une Volkswagen en tenue de soirée. La plateforme partagée avec la Golf 4 offre une implantation mécanique transversale. L’Audi a donc recours à un embrayage Haldex géré électroniquement pour répartir le couple entre les deux essieux. Ce système au demeurant très efficace gâche une partie du plaisir en conduite sportive. Le châssis abaissé de 10 mm offre un train avant plutôt incisif et une poupe qui accepte d’enrouler, mais le Haldex empêche irrémédiablement l’auto de prendre des attitudes de propulsion, même transitoires. La S3 se veut efficace et rassurante pour le quidam en toute circonstance, mais pas très passionnante à piloter à la limite. Le comportement souffre en outre d’un mauvais amortissement, typique du Groupe Volkswagen à l’époque, très dur en compression mais trop souple en détente. Les mouvements de caisse générés sont accentués par un poids élevé. La compacte teutonne est en effet 400 kg plus lourde que la Clio RS première du nom. Ces kilos en trop qui limitent grandement l’agilité de l’auto, les passagers les retrouvent essentiellement dans un habitacle au luxe outrancier, digne des grandes berlines de la marque.