Moins de poids, plus de puissance. Cette recette “ancestrale” pour transformer une GT en pistarde, Aston Martin l’utilise en 2015 en partant de la V12 Vantage S. L’idée trottait dans la tête du designer Mark Reichman, agacé par la faible représentation de la marque sur les trackdays. D’autant plus rageant que le constructeur est actif en compétition : endurance, GT3… Pour la petite histoire, cette Vantage aurait dû se nommer GT3. Mais Porsche a posé son droit de veto. Aston décide d’en construire 100 exemplaires et malgré un tarif frisant les 350 000 €, toutes les GT12 trouvent rapidement preneur. L’exclusivité ne peut justifier à elle seule un tel tarif. Le constructeur évoque alors un lien étroit avec la compétition, à commencer par la panoplie aéro : lame avant extractible, énorme aileron, jupes latérales, diffuseur… Ça ne plaisante plus, mais la résistance aéro explose et la vitesse maxi régresse de 328 km/h pour la V12 Vantage S à 298 km/h. Plus basse, plus large, cette GT12 adopte des boucliers, des ailes et un capot moteur en carbone. En option, elle se pare aussi d’un toit en carbone et d’une lunette en polycarbonate. Ces éléments sont indispensables pour l’obtention de la masse annoncée (1 565 kg) et un allègement de 100 kg par rapport à la V12 S. Malgré ces efforts, cette Vantage n’a donc rien d’une plume. À bord, elle conserve d’ailleurs tous les équipements de confort : climatisation, GPS… L’ambiance est délicieuse et les occupants sont blottis dans un cocon d’Alcantara et de carbone (dont les contre- portes). On est loin de l’habitacle dépouillé escompté et Aston revendique seulement moins de cuir, d’isolants.
Du charisme à revendre
Le régime d’ensemble s’accompagne d’une logique hausse de puissance. Le 5,9 litres délivre déjà 573 ch sous le capot d’une V12 S. Il grimpe à 600 ch tout ronds, avec l’aide d’un collecteur d’admission en magnésium, d’un échappement actif en titane et d’une distribution plus sauvage. De quoi faire flamber la gomme et réveiller le quartier au petit matin ! Le gros atmo’ est du genre bestial et respire à plein poumons. Il ne fait pas semblant de pousser et serait capable de propulser l’Anglaise de 0 à 100 km/h en 3’’7. Et ce malgré une boîte surannée : une simple embrayage à sept rapports, qui réclame de lever le pied pour adoucir les passages en Sport. Rien à voir avec la concurrence, armée de double embrayage ultrarapide et efficace ! Associée au V12 atmo’, elle contribue toutefois à l’esprit « old school » de cette perle rare, très attachante. Contre toute attente, l’amortissement piloté préserve de la polyvalence grâce à trois lois préétablies (normal, Sport et Track) et ne sombre jamais dans l’ultra-cassant. Si l’agilité l’éloigne des cibles radicales de l’époque (458 Speciale ou 911 GT3), la GT12 s’en tire bien grâce à son équilibre, à son feeling de direction et à son freinage carbone/céramique. Oui, le train arrière est débordé. Mais quelle trempe ! Cette Aston fait honneur aux bonnes vieilles méthodes. Son charisme, ses réactions franches et sa voix en or en font un collector irrésistible qui s’est décliné à la surprise générale en Roadster.