De l’aveu même de ses concepteurs, l’Aston Martin DBS est un cas à part dans le catalogue de la marque à son lancement. Le modèle le plus exubérant et le plus performant de la gamme concilie à merveille comportement de haut vol et luxe typiquement british. A première vue, la transformation d’une sage GT en une pseudo bête de course moyennant 241 400 euros (soit 86 950 euros de plus) peut s’apparenter à un formidable coup marketing. Mais ne vous méprenez pas, la DBS évolue dans une autre sphère. Celle des super sportives.
-65 kg, + 67 ch
D’un point de vue esthétique, les quelques modifications apportent un regain d’agressivité bien senti. Si l’inspiration avec la DBRS9 évoluant au Mans est évidente, la nouvelle venue ne reprend aucun élément de la version course que n’aurait déjà la DB9. Elle s’en inspire juste visuellement et techniquement. Malgré tout, l’Anglaise opte pour nombre de pièces en carbone. Diffuseur arrière, couvercle de coffre, ailes avant et branches de rétroviseurs permettent de gagner 30 kg. L’allégement se poursuit avec des freins Brembo en carbone/céramique et des baquets monocoque, eux aussi en carbone. Verdict de la cure d’amaigrissement : moins 65 kg sur la balance ! Néanmoins, le “cockpit” revêt toujours des allures de cocon douillet avec cuir et Alcantara à tous les étages. Le moindre doute quant à ses prétentions sportives est rapidement contrecarré par le réveil du V12.
Sa sonorité rauque et enivrante à l’intérieur devient carrément terrifiante pour les passants. Les ingénieurs maison ont repris le bloc de 5,9 litres de la DB9, sans toucher à l’équipage mobile, mais en travaillant considérablement l’admission. Des prises d’air dynamiques ont été greffées dans le bouclier, tandis que des conduits à géométrie variable permettent d’améliorer la réponse du moteur à tous les régimes. La puissance du bloc passe ainsi de 450 à 517 ch. Le couple maxi stagne quant à lui à 58,1 mkg et se retrouve disponible 750 tours plus haut. Ce petit défaut est toutefois gommé par la boîte six, dotée d’un pont plus court. Quoi qu’il en soit, le nouveau V12 a clairement gagné en agrément avec un regain de vitalité étonnant à l’approche du rupteur. Aston annonce ainsi un gain de cinq dixièmes sur le 0 à 100 km/h (4’’3) et une vitesse maxi qui passe à 302 km/h (contre 300 pour la DB9). Cette cure de vitamines s’accompagne de ressorts et de barres antiroulis plus rigides de 50 %. La plate-forme et les bras de suspension sont en revanche communs à la DB9. Bien que virilisée, l’Anglaise conserve un confort de roulage acceptable. Si Aston a clairement visé la polyvalence, la DBS peut également faire étalage d’un mauvais caractère. Face à sa petite soeur, le comportement est transfiguré.
Le caractère pataud laisse place à un panache étonnant pour une auto accusant près de 1,7 tonne. Pilotée avec autorité, elle répond sans temps mort, se cale fermement sur ses appuis et enchaîne les portions sinueuses avec grâce et agilité. Si les réactions sont parfois brutales et le comportement un peu revêche, l’équilibre est quant à lui remarquable, procurant ainsi un agrément de conduite authentique et sans filtre. Seuls le poids conséquent et la suspension un poil pompeuse sont à signaler. Sans quoi, le tableau aurait été idyllique.