D’abord actionnaire majoritaire puis pleinement propriétaire, Ford a pesé pendant vingt ans, de 1987 à 2007, sur la destinée d’Aston Martin. Pesé est un bien grand mot tant l’évolution produit aura été longue. C’est en effet au Salon de Detroit 1998 que la Vanquish a pointé le bout du nez sous l’appellation Concept, avant d’entrer en production au printemps 2001. Première vraie Aston des temps modernes, la Vanquish rompt définitivement avec la Virage et ne doit pas grand-chose à la DB7 que TWR avait habilement concoctée à partir de la Jaguar XJS. De la DB7, la Vanquish ne reprend que le V12 5,9 litres né, sur le papier, de la réunion d’une paire de V6 Ford. Son designer est également le même, à savoir Ian Callum, que l’on retrouvera plus tard chez Jaguar.
La vraie nouveauté réside dans un châssis à structure composite, formé de profilés en aluminium extrudé et de panneaux de différentes composition, de la fibre de carbone au sandwich nid-d’abeilles. Ce mode de construction, signé Lotus et adapté à la petite série, peut être considéré comme le brouillon des actuelles DB9 et V8. Les kilos qu’il a permis d’éliminer ont malheureusement été vite regagnés avec la somme d’équipements réunis sur la voiture.
Musique
Sous ses formes sculpturales taillées dans l’alu, la Vanquish dissimule une masse importante, proche des 1 900 kg. Avec ses quelque 460 ch, la grande Aston a été dès sa naissance un peu juste face à une Ferrari Maranello au demeurant plus légère. Mais elle est la première des deux à avoir disposé d’une boîte de vitesses mécanique à commande robotisée. A vrai dire, la philosophie de la Vanquish est différente.
Elle se veut plus raffinée, plus discrète, pour ne pas dite moins vulgaire. Elle défend une notion d’élégance des plus britanniques, non exempte de contradictions. Pour preuve, un son d’échappement très travaillé qui se joue des normes pour distiller une belle musique à faire pâlir de jalousie une Italienne. Tout cela pour un V12 qui a une attitude très policée et privilégie le couple au détriment de l’allégresse dans les tours. Dans le même temps, la commande de boîte fait preuve d’une grande douceur, avec en contrepartie une rapidité de sélection très relative. Mais il se dégage de la Vanquish une impression d’homogénéité et de facilité de conduite en usage courant qui l’emporte sur le handicap engendré par le poids en conduite sportive. Confortable, la Vanquish n’est pas une pistarde, même si elle a cherché à corriger ses faiblesses (châssis sport et freinage renforcé en option).