En 2008, Mercedes et AMG dévoilent le SL 65 AMG Black Series, troisième modèle à arborer ce blason, signe d’extravagance mécanique, de physique d’athlète sous stéroïdes et de réglages châssis spécifiques. Commençons par la partie mécanique. De base, le SL 65 AMG est loin d’être pantouflard avec son V12 6.0 biturbo offrant 612 ch et 101,9 mkg de couple. Dans le Black Series, ce monument mécanique, un peu archaïque avec ses trois soupapes par cylindre, voit sa puissance grimper à 670 équidés! Un gain de 58 ch lié à des turbos majorés de 12 %, à des échangeurs air/eau 30 % plus efficaces, et à l’installation d’une ligne d’échappement à faible contre-pression. Le couple est toujours bridé électroniquement, AMG n’ayant aucune boîte de vitesses capable d’encaisser les 122 mkg que le bloc sortirait naturellement. Nous retrouvons donc l’antique boîte automatique peu réactive et mal étagée du SL 65.
Malgré cela, le Black Series offre des performances hallucinantes. Il atteint 200 km/h en 11’’3, soit deux secondes de moins qu’une 911 Turbo ou qu’une Corvette Z06. La borne kilométrique est franchie en 21’’ à 265 km/h… La Porsche précédemment citée demande une seconde de plus. Avec un 0 à 100 km/h mesuré par nos soins en 4’’5, ce SL 65 survitaminé demande sept dixièmes de plus qu’annoncé.
Couple phénoménal
La faute à une réserve de couple phénoménale et à un dosage délicat de la pédale d’accélérateur, en particulier si l’on déconnecte toutes les aides à la conduite. Côté design, le Black Series ne fait pas dans la finesse. Le V12 demandant un refroidissement digne de ce nom, le bouclier voit ses trois prises d’air copieusement élargies, et le capot gagne deux extracteurs d’air sur sa partie avant. Grand changement par rapport au SL de base, le Black Series n’est plus un roadster, mais un coupé. La suppression du système faisant fonctionner le toit escamotable et l’utilisation de carbone pour le nouveau toit, le bouclier, les ailes, la malle arrière et le diffuseur, ont permis de gagner du poids tout en augmentant la rigidité.
Enlevez en plus une vingtaine d’équipements (tuner TV, rétroviseurs rabattables électriquement, lave-glace chauffant, système Airscarf, amortissement piloté ABC ou encore roue de secours) et vous obtenez un gain total de 250 kg par rapport au SL 65 classique. Les 1 870 kg mettent cependant à mal les freins qui montrent rapidement des signes d’essoufflement malgré leur majoration. Les voies élargies de 115 mm à l’avant et 103 mm à l’arrière sont à l’origine de l’élargissement de 14 cm. Autres modifications importantes du châssis, combinés et train arrière sont entièrement réglables. La direction est rendue plus directe (1,7 tour de butée à butée) sans que le rayon de braquage ne change. Etonnamment, le Black Series est assez progressif, et la suspension à la fermeté extrême a le mérite de permettre de bien sentir la route et les limites à ne pas dépasser.
En revanche, le V12 fait l’effet d’une enclume sur le train avant qui supporte plus d’une tonne à lui seul. Le manque d’agilité qui en découle sur route ouverte est presque caricatural. Outre son poids, le moteur se distingue par une sonorité décevante limitée à un souffle rauque et puissant, sans grand intérêt. Dommage pour un engin vendu 330 000 euros. Mais les 350 acheteurs, dont cinq français, ont sans aucun doute succombé au pouvoir d’accélération phénoménale de ce monstre étoilé… et sans doute fait un bon investissement, car ce monstre collector tient bon la côte.