Cumulant superlatifs et paradoxes, le CL65 AMG est le modèle de tous les excès. En 2004, ce long coupé de cinq mètres crée de nouveaux standards et délaisse le précédent V8 compressé au profit d’un imposant V12 de 612 ch. Souvenez-vous. A l’époque, une Ferrari 360 Modena n’en développait “que” 400… L’Allemande interpelle en premier lieu par son allure. Mêlant luxe et sportivité, le CL 65 AMG se distingue par des boucliers très ajourés flanqués de déflecteurs d’air latéraux ainsi qu’un subtil diffuseur arrière entouré de deux doubles sorties d’échappement chromées. L’ensemble repose sur des grandes jantes forgées de 19 pouces laissant apparaître un système de freinage monstrueux. Les disques en fonte de 390 mm à l’avant sont en effet pincés par des étriers à huit pistons ! Etonnamment, Mercedes n’a pas trouvé bon d’opter pour des disques céramique dont l’endurance aurait pourtant été bien supérieure. L’habitacle fait également dans la démesure, avec un équipement pléthorique. L’installation à bord du CL 65 AMG est en effet un moment unique. La finition y est irréprochable, tandis que la débauche de cuir et de bois précieux rendrait jalouse une Bentley. On en oublierait presque que ce cocon douillet est celui de l’une des sportives les plus puissantes du marché.
Car la pièce maîtresse se trouve bel et bien sous le long capot. Installé en position longitudinale avant, le V12 6 litres à trois soupapes par cylindre s’offre une double suralimentation pour une puissance finale de 612 ch et un couple impressionnant de 102 mkg. Elu moteur de l’année en 2004, ce bloc est si puissant qu’il est muselé électroniquement afin de ménager certains organes mécaniques comme la boîte auto à cinq rapports. Sans cette bride, le couple serait de 123 mkg ! A l’époque, seule la Bugatti Veyron pouvait se vanter de valeurs aussi impressionnantes. La pression de suralimentation fixée à 1,5 bar autorise une plage de puissance maxi étendue de 4 800 à 5 100 tr/mn. Le couple maximal est quant à lui disponible de 2 000 à 4 000 tr/mn.
Agilité étonnante
D’une simple pression sur le bouton Start, le V12 gronde au réveil puis affiche un silence de fonctionnement étonnant et une absence totale de vibrations. Le moindre écrasement de la pédale de droite se traduit par un déferlement de couple et une poussée physique et continue. Ce V12 impressionne avant tout par sa capacité à littéralement catapulter le coupé dont la masse avoisine les 2,1 tonnes.
Les performances revendiquées se passent de tout commentaire avec un 0 à 100 km/h réalisé en 4’’4 et un 0 à 200 km/h en seulement 13’’3. Sur ces mêmes exercices, une Dodge Viper SRT-10 abdique avec respectivement 4 dixièmes et 1’’2 de retard ! Impressionnant en ligne droite, l’imposant CL 65 AMG sait également se faire agile ou presque sur terrain sinueux. Les changements de lois de la boîte auto à cinq rapports entre les modes Confort, Sport et Manuel influent sur le tarage de la suspension pneumatique pilotée Active Body Control. Cette dernière permet de gommer en grande partie les effets de roulis, de cabrage et de plongée en contrecarrant les transferts de masse. L’équilibre et le comportement routier s’en trouvent améliorés, avec une agilité étonnante malgré une inertie encore prononcée. Il convient cependant de ne pas dépasser une certaine limite, sous peine de déclencher une batterie d’aides à la conduite dans les cas les plus critiques. D’autant que l’antipatinage ASR, malmené par les bourrasques de couple, n’y comprend plus rien…