Ce n’est pas la première fois en réalité que Mercedes-Benz se décide à mettre sur le marché une berline surpuissante en prenant un gros moteur, en l’occurrence ici celui du SL 500, le V8 5 litres de 326 ch. Rappelez-vous les anciennes 300 SEL 6.3 puis 6.9 qui relevaient de la même méthode. Sauf qu’ici, Mercedes-Benz décide d’y mettre l’art et la manière. Plus question en effet d’avoir seulement un dragster, la nouvelle 500 E doit également pouvoir exploiter tout son potentiel. Pendant deux années, Porsche sera étroitement lié à la conception et à la réalisation en partant de la berline 300 E W124.
Bien que conservant une plastique extérieure très proche de ses soeurs plus placides, la 500 E a du mal à cacher ses voies élargies (+ 37 mm AV et + 38 mm AR) et ses ailes “gonflées”. Ses pare-chocs sont également plus enveloppants, tandis que ses jantes de 16 pouces sont plus larges que d’ordinaire pour pouvoir abriter des freins en conséquence (étriers fixes quatre pistons devant et deux pistons derrière avec leurs paires de disques ventilés).
Des performances de 911
Bien campée sur ses Michelin MXX 255/55 ZR 16, cette berline aux allures de taxi devient impériale sur les autobahns allemands. Animée par le souffle inépuisable de son V8 de 5 litres, dont le couple omniprésent associé à une boîte automatique à quatre rapports autorise une conduite coulée, la 500 E se permet d’être également efficace dès que la route devient moins rectiligne.
Pour aider le conducteur à calmer ses excès d’optimisme, un antipatinage est de la partie. Ce n’est pas du luxe puisque, derrière la traditionnelle calandre Mercedes, les ingénieurs de Stuttgart ont glissé le V8 de 5 litres avec sa culasse à 32 soupapes. Commun à celui du SL 500, celui-ci reçoit quelques modifications. Les conduits d’admission ont été allongés, permettant l’augmentation du couple moteur pour grimper à 48,9 mkg. L’alimentation passe, et c’est nouveau, par un système d’injection Bosch LH-Jetronic tout électronique.
Les performances pour l’époque sont excellentes, avec 6’’2 pour le 0 à 100 km/h et moins de 26’’ pour la borne kilométrique ! Des valeurs proches de celles de la Porsche 911 ou de la BMW M5. Le tarif est largement à la hauteur des prestations. La Mercedes est en effet vendue 565 000 F, alors que la 911 C2 coûte moins de 450 000 F et la M5 513 000 F. En 1994, toute la gamme W124 est “face liftée” et l’appellation du modèle de pointe devient E500. La 500 E aura été produite en cinq ans à 10 479 exemplaires. Ce succès aura ouvert la voie à la grande lignée des modèles qui porteront la griffe AMG et seront assemblés à Affalterbach, chez le préparateur maison, en conservant toujours l’esprit “maison” : performances et facilité d’usage…