Pour célébrer les deux titres consécutifs de McLaren en Formule 1 en 1998 et 1999, Mercedes et l’écurie de F1 s’associent pour donner naissance à l’une des supercars les plus passionnantes de ces dernières années. Les premières ébauches furent présentées au Salon de Détroit sous le nom de Vision SLR.
Deux carrosseries différentes étaient déjà exposées : coupé et roadster. La gestation fut longue mais, cinq années plus tard, les premières livraisons étaient lancées. Pour faire face aux Porsche Carrera GT et autres Ferrari Enzo, la SLR joue la carte de la modernité et reprend nombre d’éléments propres à la F1, comme le fond plat, l’imposant diffuseur arrière, ou encore la coque en carbone. Esthétiquement, on remarque en premier lieu l’interminable capot et le museau en pointe sous lequel se greffe la moustache. Malgré cette filiation avec la course, la parenté avec les modèles plus “sages” de la marque est flagrante à l’image des deux doubles feux ronds et des blocs optiques arrière. Les généreuses ouïes latérales, sous lesquelles logent les sorties d’échappement, apportent une dernière touche d’agressivité. Une fois les portes en élytre levées, on découvre un habitacle entièrement tendu de cuir, mêlant luxe et sportivité. Cette stricte deux places s’orne de superbes baquets en carbone, mais la présentation générale ne la distingue pas assez des autres modèles Mercedes. Le combiné d’instrumentation est, par exemple, très proche de celui d’un SL de base.
Décevante
Pour une auto affichée près de 500 000 euros, cela s’apparente à de la mesquinerie. Le bouton de démarrage implanté sur le levier de vitesse apporte tout de même une petite touche d’exclusivité. On peut, en revanche, regretter que Mercedes ait opté pour l’antique boîte automatique à cinq rapports. Cette transmission apparaît surtout inadaptée et indigne d’une sportive de cette trempe, alors que son homologue à sept vitesses aurait été plus apte à transmettre la cavalerie. Le V8 5,5 litres à compresseur, placé en position centrale avant, développe 626 ch et offre à cette GT des performances de haut vol.
La poussée est affolante, grisante, et le 0 à 100 km/h est expédié en 3’’8 tandis que la vitesse maximale s’établit à 330 km/h ! Malgré les 62 kg supplémentaires dus aux inévitables renforts de caisse, la version découvrable affiche des performances similaires grâce à un dessin qui n’altère que très peu le coefficient de pénétration dans l’air. Les clients les plus exigeants (et les plus fortunés) ont sans doute opté pour la version “722” qui rendait hommage à la 300 SLR de Stirling Moss. Dans ce cas, les 650 ch permettent un 0 à 100 km/h plus rapide de 2 dixièmes et une vitesse maxi qui gagne 3 km/h.
Quelle que soit la déclinaison choisie, le SLR n’offre pas le comportement escompté. La direction floue interdit tout placement précis, le nez affiche une nette tendance à élargir les trajectoires, et la bête n’offre surtout pas l’homogénéité d’un SL65 AMG bien plus “abordable”. Malgré l’emploi massif de matériaux composites, le poids flirte avec les 1 700 kg. Le freinage carbone/céramique remplit son rôle, mais le feeling à la pédale déplorable empêche tout dosage. Le SLR manque cruellement d’agilité, de répondant et de rigueur. Il ne met surtout pas en confiance une fois à la limite et ne dévoile en aucun cas un comportement digne d’une sportive de cette caste.