En cet automne 2016, Mercedes annonce avec fierté avoir largement dépassé le cap des 200000 ventes sur un mois et se prépare encore à élargir sa gamme. Dans cette course au sommet, AMG joue un rôle majeur avec plus de berlines et plus de GT, catégorie dans laquelle la marque à l’étoile a marqué une longue pause à partir de 1963, année de disparition de la 300 SL. Il a fallu attendre la toute fin du siècle dernier pour que la marque revienne sur la scène avec la SLR conçue et produite en association avec McLaren. L’expérience a été douloureuse et, fort de la leçon, le constructeur allemand est reparti à l’assaut dix ans plus tard avec une 300 SL des temps modernes, 100 % maison, sous la bannière AMG. Avec l’intention de faire bien mieux sur le plan commercial. Ainsi est apparue en septembre 2009 cette SLS qui a dépassé les 10000 exemplaires en cinq ans de production. Grâce à ce modèle, Mercedes s’est positionné sur le segment de la 458 et de la Gallardo, au-dessus de la Porsche 911 Turbo, avec l’attrait certain de la nouveauté. Plus industrialisée que la SLR à coque carbone, la SLS fait appel à un space frame alu et une architecture transaxle, reliant un V8 atmo placé en position centrale avant et une boîte pont double embrayage signée Getrag, le fournisseur de Ferrari. Son 6,2 litres est une évolution du bloc apparu en 2005 sur le mulet CLK DTM 63 AMG et commercialisé ensuite sur la E63. Il diffère par son carter sec et l’adoption de plus de 120 pièces nouvelles. Sa puissance de 571 chevaux, qui s’accompagne d’un couple de 66 mkg, a de quoi imposer le respect, mais elle a fort à faire avec une masse de 1,6 tonne. Les trains roulants allégés présentent une architecture traditionnelle et rigoureuse. Justifiant son blason AMG, la SLS est avant tout une sportive. Son design, chargé de détails évocateurs de la glorieuse 300 SL, est moins agressif et moins spontané que ne l’a été celui de la SLR McLaren. De cette dernière il reprend une silhouette tricorps qui rompt avec la tendance fast back de la catégorie. Chose qui lui est propre, la SLS renoue avec la tradition des portes papillon, avec les conséquences techniques que cela a impliqué dans un monde très réglementé. Ces portes papillon, que l’on ne trouve plus sur la GT pour cause de simplification, donnent à la SLS un vrai statut de supercar et leur utilisation a tendance à poser plus de problèmes que les élytres chers à Lamborghini. Leur cinématique demande un garage de hauteur et de largeur suffisantes, de long bras à la fermeture et une certaine adresse pour ne pas se cogner la tête.
L’Amérique vue par AMG
Une fois installé, on retrouve une ergonomie typiquement Mercedes, c’est-à-dire très intuitive. En revanche, le confort n’est pas celui d’une berline, la SLS n’est pas celle que l’on pourrait penser. Nonobstant sa qualité de fabrication, elle a un caractère un peu rude, à l’américaine. Son V8 n’est pas étranger à l’affaire. Il tonne dans les graves, sur le couple, et ce n’est qu’arrivé haut dans les tours que l’on ressent chez lui une vraie noblesse. Le moins que l’on puisse dire est qu’il a une personnalité attachante et qu’il passera à la postérité. Hélas pour lui, Mercedes s’est montré au début très prudent dans la gestion de sa boîte, d’où une sensation de manque de rapidité. Autre point faible de début de carrière, l’amortissement passif, doté de réglages fermes, nuit gravement au confort et accentue la nervosité du châssis sur chaussée glissante. Il a fallu attendre la variante roadster pour goûter aux avantages d’un amortissement piloté bien fichu. Bref, à sa naissance, la SLS semblait par certains côtés plus proche de la Viper que de la SL. Au fil du temps, elle a amélioré ses manières mais elle a toujours réaffûté en parallèle son caractère à travers des variantes à la sportivité accentuée et à la diffusion plus limitée. Summum des collectors de la lignée SLS, la Black Series de 630 chevaux a vu sa cote grimper aux rideaux alors que ses soeurs plus ordinaires se sont avérées être un bon placement.