La GT2 RS MR dévale le toboggan de Spa et efface ses copines de jeu dans un souffle de biréacteur. Sur le muret des stands, l’œil de Jean-Philippe brille de bonheur. Ce n’est pourtant pas lui qui se trouve derrière le cerceau, mais un bon copain qui le tient avec un talent certain. Outre le plaisir d’emmener une des plus redoutables machines de trackdays de son époque comme elle le mérite, le garçon aime tout autant laisser le volant à ceux qui lui sont chers. Posséder la plus ultime des Porsche vendue dans le commerce pour rouler sur piste, c’est bien. Partager cette passion des trackdays entre copains dans une ambiance sans prise de tête, c’est encore mieux.
L’étalage sur les réseaux sociaux, l’esbroufe ou les fanfaronnades autour d’improbables chronos, ce n’est pas le genre de la maison. Pour avoir travaillé avec talent sur les plus prestigieuses italiennes, toutes générations confondues, Jean-Philippe est un mécanicien qui a de l’or dans les mains. C’est aussi un bon coup de volant formé aux courses de côte au milieu des années 90. Mais c’est surtout un garçon simple au bon sens du terme. Un type normal qui apprécie tout autant de sortir sa bonne vieille BMW 540i E34 totalisant près de 400 000 km pour aller se chicorer à Dijon-Prenois avec ses copains Béhemistes. Cela ne l’empêche pas de succomber aux saveurs raffinées des divas de Zuffenhausen : « J’ai eu lors de mes jeunes années l’occasion de travailler sur la mécanique d’une 911 S préparée qui prenait pratiquement 9 000 tr/mn. C’était magique et fiable ».
L’arrivée des GT3 dont les flat-6 s’essorent à des régimes aériens excite sa curiosité, jusqu’au jour où un fidèle compère vient le voir pour lui faire essayer une 991/2 GT3 : « Quand on a goûté à ce bloc qui rentre en transe à 9 000 tr/mn, on en veut forcément une ! ». Vu que tous les modèles neufs sont d’ores et déjà écoulés, son inséparable pote finit par lui trouver un superbe exemplaire Bleu Miami boîte manuelle dont le prix venait de baisser : « Je lui ai alors dit de s’en occuper et de la ramener ! ». Cette nouvelle venue lui ouvre l’appétit et la GT2 RS lui fait de l’œil. Après avoir fait chou blanc sur une ex-Jean-Eric Vergne vendue à la concession de Vélizy, ils en dénichent une chez nos amis de chez Moteurs et Sens, affublée du pack Weissach : « Dès que le vendeur l’a démarrée avec les clapets d’échappement ouverts je me suis dit que j’allais faire une bêtise. Cela n’a pas loupé puisque je l’ai prise tout de suite ! ».
Depuis avril 2019, cette romance se remplit d’anecdotes : « J’étais à Dijon entre copains et j’avais refait une géométrie avec beaucoup de carrossage à l’avant. En la voyant, un participant est venu me voir en me demandant si c’était une MR. Je lui ai répondu sur le ton de la rigolade que c’était une Monsieur Raoux ! ». Pour Jean-Philippe, la vie est bien trop courte pour se prendre au sérieux. Lors des premières sorties, il déplore des réactions dans le volant avant de constater un défaut de chasse avec les appareils de données constructeur. La belle fait des siennes sur la piste de Ladoux : « Ma géométrie trop radicale rendait sa poupe chatouilleuse et je passais bien moins fort qu’avec la GT3 que j’avais également amenée ». Petit à petit, l’idée d’un kit Manthey Racing fait son chemin.
Son fameux copain se renseigne sur la chose et prend contact avec l’unique propriétaire en France : « La personne a monté le kit progressivement en commençant par les amortisseurs, puis l’aéro et les jantes aérodisques. Il s’est fait ensuite installer d’autres évolutions comprenant des lamelles sous le fond plat qui ont permis à la GT2 RS d’améliorer le record sur le Ring lors de sa seconde tentative. Le propriétaire nous a assurés du gain incroyable de toutes des modifications par rapport à l’origine. Nous étions évidemment un peu sceptiques, mais le fait que le garçon en question totalise plus de 5 000 tours sur le Nürburgring et au moins 50 000 km sur sa GT2 RS MR nous a vite rassurés ! ». Jean-Philippe saute le pas début janvier.
Dès que le vendeur l’a démarrée avec les clapets ouverts, je me suis dit que j’allais faire une bêtise. Cela n’a pas loupé puisque je l’ai prise tout de suite !
Il récupère son joujou en mars avec la totale : kit suspension (amortisseurs à trois voies à l’avant, quatre voies à l’arrière et ressorts spécifiques), kit aérodynamique permettant de faire passer les appuis de 59 à 70 kg à l’avant et de 93 à 200 kg à l’arrière à 200 km/h (aileron, diffuseur, Gurney flap, mât et capot moteur arrière revus, lèvre et flaps avant et lamelles pour canaliser l’air sous le fond plat), jantes magnésium avec aérodisques en carbone à l’arrière pour réduire la traînée, freinage (plaquettes et conduits de frein avec gaines en acier spécifiques), réservoir d’eau de refroidissement des échangeurs plus grand (9 litres) et Michelin Pilot Cup 2 R.
Il n’a évidemment pas pu s’empêcher de la sortir à Spa fin mars pour un premier débriefing en compagnie d’une bonne bande de brigands aussi piquée que lui : « C’est effectivement le jour et la nuit avec la version d’origine qui paraît un peu surmotorisée. Le kit la rend bien plus homogène. Le pilotage en devient plus fluide et on exploite davantage le moteur. On y gagne en grip, mais aussi en stabilité dans les parties rapides grâce à l’aéro. Bref, on se régale ! ». Jean-Philippe n’a maintenant plus qu’une idée en tête : remettre ça au plus vite entre potes. Le circuit de Dijon-Prenois qui est presque devenu leur seconde maison a vite vu débarquer la plus efficace des Porsche 911 immatriculées !