Même pour les journalistes des magazines EVO et Motorsport, les essais de nouvelles voitures électriques deviennent de plus en plus fréquents. Et pour cause : la quasi-totalité des constructeurs automobiles actuels se tournent massivement vers les voitures à zéro émissions. Après des années d’investissements colossaux, le marché regorge de modèles électriques à la vocation citadine, familiale, luxueuse ou même sportive. Toutes les marques proposent des modèles électriques sur les principales catégories. En 2022, 13% des voitures neuves vendues en France étaient électriques et cette proportion devrait augmenter dans les années à venir. Il le faudra, d’ailleurs, pour éviter de mettre la plupart des marques dans le rouge après de tels investissements. Pourtant d’après une récente étude du cabinet Deloitte, seulement 8% des Français songeraient actuellement à acheter une voiture électrique. Ils seraient nombreux à la trouver beaucoup trop chère, trop limitée en autonomie et pas assez pratique à recharger.
Il faut des bornes, et vite
L’équipe du magazine Motorsport en a récemment fait l’expérience, notamment lors de l’essai de la Porsche Taycan et de l’Audi RS e-tron GT à Magny-Cours. Certes, les bornes rapides fleurissent le long des autoroutes à vitesse grand V. Les principaux réseaux autoroutiers français commencent à offrir un maillage compatible avec des voyages en voiture électrique, mais il faut encore soigneusement planifier son trajet et adapter son trajet au réseau au risque de se retrouver piégé. Il n’est toujours pas rare non plus de tomber sur une borne en panne et dès qu’on s’éloigne des grands axes, comme dans la Nièvre autour de Magny-Cours, trouver de quoi recharger rapidement de grosses batteries comme celle de la Porsche Taycan peut encore relever de l’impossible. La situation doit cependant vite s’améliorer : on comptera bientôt 100 000 points de charge dans le pays et les bornes ultra-rapides vont continuer de se multiplier le long des grands axes et autres endroits stratégiques. Idéalement, le réseau de recharge français comptera autant de bornes rapides que de stations de carburant classiques. C’est en tout cas ce que demandent les grands patrons des constructeurs comme Luca de Meo chez Renault pour ne pas que la révolution de l’électrique tourne au court-circuit.
Et les sportives, dans tout ça ?
Reste un problème de taille pour la communauté des passionnés de l’automobile. Si la plupart des nouvelles voitures électriques sont merveilleusement agréables à utiliser dans les bouchons urbains, elles n’ont rien d’excitant à conduire. Qui aurait envie de mettre 40 000€ dans une Abarth 500 électrique aux spécifications techniques molles et ennuyeuses à mourir, alors qu’on pouvait encore s’éclater en Ford Fiesta ST il y a quelques années pour à peine plus de 25 000€ en neuf ? Alors que les petites sportives abordables relèvent désormais de l’exception et disparaîtront bientôt définitivement, le catalogue des autos électriques ne présente actuellement rien d’intéressant pour les remplacer. Il y a tout de même de quoi espérer un peu : la Tesla Model 3 Performance, par exemple, offre un plaisir de conduite surprenant et une efficacité dynamique remarquable par rapport aux autos thermiques à la puissance et au prix similaire. Sa grande sœur la Model S Plaid affiche même des performances délirantes en ligne droite et les électriques de chez Porsche sont capables de prouesses sportives lors de nos essais chiffrés en piste. On est aussi curieux de voir ce que donnera la compacte Alpine électrique, celle qui doit prendre le relai de la Renault Mégane RS mourante. Ou même de voir ce que peut procurer comme sensations une Rimac Nevera, totalement stupéfiante d’après le premier essai de Steve Sutcliffe pour Evo. Mais les tarifs pratiqués n’ont et n’auront plus rien à voir avec le monde des sportives abordables. Alors, la communauté des amateurs de sportive est-elle condamnée à se tourner vers les voitures d’occasion et de collection pour se faire plaisir à prix raisonnable ? Restera-t-il de la place pour les voitures passionnantes à conduire après la révolution de l’électrique ? Et surtout, que se passera-t-il si la clientèle ne répond pas aussi favorablement à ces changements accélérés par les instances de l’Union Européenne ?
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