Elon Musk a ceci d’énervant qu’il cherche toujours à clouer le bec à ses détracteurs. Et par extension aux détracteurs des Tesla. Déjà en 2008, personne ne pouvait dire qu’il sortait du Roadster sans avoir ressenti le moindre frisson. La Model S qui a suivi a montré que le projet de Tesla n’était pas uniquement d’imposer l’électrique en le faisant passer pour ‘vert’, non, le but était aussi de convaincre les amateurs de belles automobiles performantes que leur Model S pouvait leur apporter quantité de satisfactions. Et le fait est qu’elle n’avait rien d’une berline au rabais même si les fans de BMW M5 riaient de ses limites dynamiques, de son manque de jovialité et d’endurance. En plus du manque de son évidemment.
Le Mode Piste qui change tout
Et puis vint la Model 3 Performance. Essayée en 2019 lors de sa sortie sur le petit circuit du Paul Ricard (EVO 140). Il était clair que l’objectif des ingénieurs était que l’infime frange d’extrémistes adorateurs de BMW M3 soit, si ce n’est convertie, au moins bluffée. C’est d’ailleurs la BMW qui servit de benchmark à Tesla.
Depuis, le modèle a reçu plusieurs mises à jour dont la dernière nous intéresse tout particulièrement puisqu’elle inaugure entre autres un Mode Piste 2.0. Sur mon premier essai, les réglages du châssis allaient clairement vers plus de mobilité, plus de fun et plus de libertés offertes au conducteur mais je regrettais malgré tout que le fonctionnement de la transmission intégrale l’empêche d’être réellement joueuse. Hormis un système autorisant un léger déhanchement de la poupe, elle privilégiait encore l’efficacité. Elon Musk a-t-il lu EVO ? J’en doute mais quoiqu’il en soit, en plus d’offrir un dixième de mieux sur le 0 à 100 km/h (3’’3 contre 3’’4), la mise à jour logicielle de la Model 3 Performance présente un Mode Piste optimisé.
Vous pouvez régler la répartition de la puissance. Oui, comme sur une vieille Impreza STI Petter Solberg
Au lieu d’encadrer encore plus votre conduite en faisant en sorte que l’auto reste sur la ligne jugée idéale, les ingénieurs Tesla ont une fois de plus démontré qu’ils étaient aussi de vrais ‘bagnolards’ puisqu’ils ont simplement offert aux 0,2% de vrais amateurs de conduite la possibilité de jouer avec les réglages de la transmission et de l’ESP. Oui, comme sur une bonne vieille Subaru Impreza STI Petter Solberg il est possible de faire varier la répartition de la puissance entre l’avant et l’arrière. Certes, ce n’est techniquement pas la même chose puisque aucun arbre ne relie les moteurs avant et arrière mais en jouant finement avec le ‘torque vectoring’ des deux moteurs, ils modifient totalement le comportement de l’auto en entrée comme en sortie de virage.
Ça change quoi concrètement ?
Un réglage 0-100 n’envoie donc pas à proprement parler toute la puissance à l’arrière, ce qui est techniquement impossible, mais la programmation offre un comportement correspondant à ce que doit être une propulsion joueuse. Comme le taux de régénération (frein moteur) est également paramétrable, vous pouvez vous concocter une Model 3 qui réagit comme vous le décidez, jusqu’à rouler indéfiniment par les portières et fumer vos pneus, si c’est votre désir. Voire même à faire un tête à queue, si vous êtes trop optimiste. C’est inédit. Toutes les barrières qui interdisaient aux puristes que nous sommes d’être totalement satisfaits au volant d’une électrique relativement accessible (pas une Porsche ou une Audi) volent en éclat avec Tesla.
Désormais chaussée de Pirelli P Zero Elec spécifiques (T0) en lieu et place des déjà excellents Michelin PS4 S, la M3 Performance à l’amortissement passif étonnamment confortable adore remuer sans jamais devenir nerveuse. Certes, le couinement des pneus n’est pas un son particulièrement agréable (même s’il vous informe idéalement du grip à disposition), la direction manque de ressenti, l’autonomie s’évapore dès que vous l’exploitez au maximum (comme un six en ligne ou un V8 biturbo en fait) et la conduite est simplifiée à l’extrême (pas de boîte, presque pas de freinage), mais en matière de comportement dynamique, les ingénieurs Tesla tiennent le bon bout.