Au petit matin de ce trackday organisé par Motorsport, un box flanqué d’une tête d’aigle se distingue à ses rires et sa bonne ambiance. Cette joyeuse bande se côtoie depuis 2006, part en voyage ensemble et s’est rencontrée dans un Club d’anciennes (LARN). Puis ils ont décidé de multiplier les sorties en piste (environ 10 par an) avec essentiellement des modernes et quelques anciennes. Mais pourquoi Eagle ? Jérôme et Thierry, à l’origine du projet remontant à 5 ans, ont opté pour le roi des rapaces en raison de sa force, de sa détermination, de son courage et de sa vision perçante, utile sur piste. Depuis qu’il est à la retraite, Vincent supervise l’organisation : « je m’occupe de les relancer, de les motiver.
C’est bien que l’on paye d’avance parce qu’il y en a toujours un qui se plaint de la météo, qui a mal au dos ! » Avec le sourire, il nous explique que deux membres possèdent de grands garages à Neuilly-Plaisance équipés de ponts, où sont entreposées une soixantaine d’autos. « On se retrouve tous les week-ends. On bricole entre nous. On organise des soirées aussi ! »
Deux fois par an, le team organise même des concerts réunissant jusqu’à 100 personnes ! Le club est ouvert à tous types de sportives, mais l’on observe une forte sensibilité envers Porsche : 944 Turbo, 996 GT3, Cayman en tous genres, Boxster… « Quand on roule souvent comme ça, on en vient vite à Porsche sous peine faire de la mécanique tous les jours. Il suffit de faire la pression des pneus et on repart par la route sans problème, même quand on vient de Spa ! Il n’y a pas une autre marque avec laquelle on peut faire ça. » En cette journée de reprise, attendue depuis longtemps, Vincent est venu avec une 996 GT3 proche d’une Cup : suspension, échappement, allègement avec à la clé 1 275 kg mesurés sur la balance de notre partenaire W-Autosport. Preuve de l’ouverture du team, une Mégane RS, une A110 et une M3 composent aussi ses rangs.
Pas de pression
Alors que le feu est déjà au vert, Pascal – le mécanicien de la bande – navigue entre les autos, à l’écoute et prêt à intervenir. « J’ai travaillé sur la 944 Cup en 1989 et je possède un garage spécialisé Porsche depuis 1998. C’est moi qui les ai embarqués dans cette aventure ! » D’où la présence de 944 Turbo vidées et dédiées à la piste : « je les connais par cœur ! » explique-t-il, en précisant qu’il apprécie le plaisir ressenti au volant, la fiabilité et le coût d’utilisation. Il vient avant tout pour rouler et supervise les dernières vérifications avant le départ : huile, pression des pneus, niveau d’eau, freins, serrage des roues… Sans se précipiter, les membres prennent le chemin de la piste, encore mouillée par des trombes d’eau nocturnes. Marc est venu avec son fils et tourne aussi en 944 Turbo « clubsport », équipée d’un pare-brise en plexiglas fabriqué maison, à l’image de la lunette arrière. Il profite de son savoir-faire dans les enseignes lumineuses pour alléger sa pistarde « facile à prendre en main et simple à entretenir ». Bien que les pneus aient du mal à chauffer en ce mois de mars, il garde le sourire : « on est là pour se faire plaisir, on reste en général sur place et on profite des soirées ! » Jean-Marie apprécie également cette bonne ambiance et a rejoint le team il y a seulement un an et demi avec un Cayman T qui lui suffit largement. Sébastien a également craqué pour un Cayman, mais un 981 GT4 avec un flat-6 atmo’ : « je retrouve de bonnes sensations, les chronos sont au niveau de l’an dernier. »
Eh oui, la bande d’amis n’est pas là que pour rigoler. La preuve ? Elle fait appel à Hervé, un coach dédié en plus de celui mis à disposition par notre partenaire 4 Move : « je suis là pour les mettre en sécurité, en confiance pour cette reprise, d’autant que la piste est grasse pour le moment ». Jérôme, l’un des fondateurs du team, a quant à lui craqué pour une A110 S il y a deux ans, après avoir possédé une 997 Carrera S et une Corvette C7 Stingray. Il recherche avant tout le plaisir, mais le chrono reste toujours à portée de mains… Surtout quand les conditions sont réunies, comme en cette après-midi ensoleillée : « il manque un peu de watts à cette A110, je regarde de près les préparations MP Rezeau ». Il s’apprête à mettre le doigt dans l’engrenage qui a poussé son acolyte Thierry à opter pour une M3 E92 métamorphosée. Cet ex-propriétaire de 991.2 GT3 trouvait son jouet trop aseptisé : « je recherchais quelque chose de plus radical et j’ai trouvé cette M3 en Belgique l’an dernier. Elle pèse 1 417 kg au lieu des 1 670 kg d’origine et j’ai préparé le V8 pour qu’il délivre 417 ch parce que d’origine il n’y avait que 387 ch mesurés au banc. » Du coup, la sonorité à l’échappement devient très artificielle, mais il tourne fort et a le sourire jusqu’aux oreilles de lutter contre les hordes de 911 et d’A110.
Le rookie
Parmi cette joyeuse bande, Benjamin réalise son baptême du feu sur la piste GP de Magny-Cours, au volant de sa Mégane 3 R.S. Cup. Hervé, le coach, lui explique que le plus dur reste de mettre les choses dans le bon ordre. Ils travaillent ensemble les techniques de base du pilotage, sans pression. Les premières sensations semblent très bonnes : « je prends mes repères. Ça glisse en semi-slicks ! Il faut se recalibrer, ça n’a rien à voir avec l’apprentissage de la route. » Bref, tout se déroule pour le mieux jusqu’à ce que la fête soit gâchée par des nausées. Il est temps de faire une longue pause et de recharger les batteries. Les autos filent à la pompe et sont vérifiées à nouveau avant de quitter le box. Des changements de pneus s’opèrent, ainsi que des purges de freins. Le soleil brille. Les conditions deviennent idéales. Les chronos tombent. Mamie 944 Turbo tourne en 2’08’’ avec Pascal : « ça y est, elle est chaude ! » Même un peu trop chaude… Elle sent le plastique brûlé ! Rien de grave, contrairement à la 944 de Marc qui ne quittera plus les stands à cause d’un débitmètre. Pas de quoi altérer sa bonne humeur : « on a juste du travail dès demain ! ». Pendant ce temps, Benjamin a repris la piste et tourne « proprement » au volant de sa Mégane, qui résiste bien à la piste. Notre coach Kévin lui confirme qu’il doit travailler son regard fixé sur le bout du capot et son anticipation, son dynamisme. Il doit surtout résoudre un souci essentiel avant de retenter l’expérience : le mal au cœur. Cela n’effraie pas ce rookie, qui compte bien profiter à nouveau de sa monture et de la bande de copains, motivée pour tourner régulièrement. Nous allons donc sûrement revoir ce team pas comme les autres, qui a sans doute trouvé la bonne solution pour se motiver, s’entraider, rigoler sur les trackdays sans pression ni cotisation.