Motorsport : Comment a débuté votre passion pour l’automobile ?
Séverine Roy-Laurette : En tant que Nivernaise, ça a commencé quand je venais voir des courses sur le circuit de Magny-Cours vers 17 ans. Je n’y connaissais rien, mais j’étais fasciné par l’ambiance, la beauté des voitures. C’était juste un rêve. Jamais je n’aurais imaginé qu’il se concrétise, grâce à la rencontre de mon mari William qui évoluait dans l’univers de la course.
MS : Comment vous est venue l’idée du circuit ?
SR-L : On a fait beaucoup de karting en loisirs. J’adorais me bagarrer en piste. Après avoir créé W-Autosport en 2001, William a construit une voiture de drift et je l’ai suivi pendant un an. Ça me démangeait d’essayer ! Il a eu la gentillesse de me laisser le volant jusqu’au moment où j’ai eu mon auto, un an plus tard. J’ai réalisé mon premier trackday dédié au drift en 2006 sur une 325i E30 : champagne, sièges en cuir beige. Elle était en état collection et nous en avons fait une drifteuse ! J’ai fait toute une saison d’entraînement en 2007, en changeant pour une Nissan Silvia S13. J’avais plus de feeling avec la Japonaise. J’ai commencé le championnat de drift en 2009 et j’ai continué en 2010 et 2011 avec une Skyline R32.
J’ai mis du temps à devenir confiante, à oser parce que j’étais la seule femme dans cet univers. J’étais encouragé par les concurrents jusqu’au moment où j’ai commencé à batailler et ils l’ont plutôt mal pris. On me faisait refaire des battles, comme si ce n’était pas possible que je l’emporte. Puis on a décidé de lancer notre école de drift et j’ai passé mon BPJEPS. J’ai refait du drift en loisirs, sur de nombreux évènements. J’ai même lancé une coupe de drift féminine en 2013, qui a fonctionné trois saisons.
MS : Racontez-nous votre première fois en piste ?
SR-L : En passant ce diplôme de pilotage en 2014, il a fallu choisir une spécialité et le drift n’existait pas. J’ai opté pour la vitesse sur circuit et j’ai adoré le côté technique du pilotage en m’entraînant chez LSP, qui m’a encouragé à aller plus loin. Entre-temps, nous avons développé notre pôle assistance en compétition et un propriétaire m’a proposé en 2017 un test sur une 350Z en TTE. Avec cinquante voitures en piste, je me suis demandé où j’avais mis les pieds ! Mais j’ai adoré et j’ai fait une seconde course en 2018 sur une 370Z GT4, toujours avec cette équipe. J’ai découvert aussi la Fun Cup à Dijon. En 2019, ce propriétaire nous a demandé de préparer une seconde auto et de constituer un équipage féminin. Le casting n’était pas parfait et nous avons rencontré pas mal de problèmes techniques. En 2021, nous avons acheté notre première auto de course, une 370Z GT4, et j’ai pu faire quatre courses en TTE 2 022 avec ma fidèle partenaire Marine. On a fait des podiums à chaque fois et on a remporté le championnat en catégorie T4. Je suis ravie de cette ascension !
MS : Comment vous êtes-vous orienté vers votre sportive actuelle ?
SR-L : En 2023, on a changé de monture pour ne plus être à la ramasse dans le sinueux. On a opté pour la Supra parce que nous sommes fans de japonaises. En tant qu’amatrice de drift, mon premier critère est la propulsion ! On adore cette auto, jusque dans le design. J’ai un très bon feeling. Elle est aboutie, plus fluide, plus stable, plus performante que la Z. La boîte est plus douce, mieux étagée. Elle est beaucoup moins lourde, plus coupleuse. Le châssis est incroyable et bigrement efficace. J’en suis tombé amoureuse. Je partage le volant avec Caroline Arezina, qui évoluait avant en Clio Cup.
MS : Quel est votre objectif pour cette saison 2023 ?
SR-L : J’ai goûté au fait de remporter un championnat, donc j’aimerais beaucoup réitérer cet exploit dans notre nouvelle catégorie T3, suite au changement de réglementation. On affronte les Ligier JS2R en grade 2, donc ça va être difficile ! Pour le futur, j’ai été contactée par SRO et Ultimate Cup. Ce sont de beaux championnats qui offrent une belle visibilité, mais tout dépendra de notre budget. À mon âge, je ne vais pas faire carrière. Mon objectif est de m’amuser, de vibrer et de monter sur des podiums si je le peux. Je pense qu’on restera humble et en TTE. C’est un championnat en place depuis longtemps, on s’entend bien avec les équipes. Après, on ne sait jamais, si demain un mécène m’amène en FIA GT4, je fonce !
SPEED DATING :
Première fois en piste >> 2 006
Nombre de sorties annuelles >> 7
Circuit préféré >> Magny-Cours (58)
Première pistarde >> BMW E30 325i
Pistarde rêvée >> Porsche 911 GT3 Cup (992)