En neuf générations, la Lancer s’est élevée au rang de mythe roulant. La IX est la deuxième mouture à être officiellement importée en Europe, pour le plus grand plaisir des épicuriens de la conduite sportive. Très rares sont les autos, quelle qu’en soit la carrosserie, qui peuvent rivaliser avec la Nippone sur le tracé sinueux d’une petite route de montagne et procurer des sensations si proches de celles d’une voiture de rallye. De la course, l’Evo IX hérite de nombreux attributs esthétiques, tels qu’un imposant aileron doté d’une lame carbone ainsi qu’un diffuseur arrière. Moyennant 5 000 euros, un pack sport optionnel offre des déflecteurs supplémentaires sur les bords de spoilers, des appendices sur le toit générateurs de vortex, une sortie d’échappement sport et une déco carbone sur les montants de portes. Notez que le toit en aluminium permet de gagner 4 kg et d’abaisser le centre de gravité de 3 mm tout en procurant une rigidité accrue.
L’ambiance intérieure, toujours aussi terne, ne varie que très peu par rapport à la précédente génération. La partie centrale de la planche de bord a tout de même été redessinée afin d’accueillir une climatisation à régulation automatique. Sous le capot, le moteur répond toujours au nom de code de 4G63. Le 2 litres nippon est la dernière composante d’une lignée née avec la Galant VR-4 de 1987. Sans cesse peaufiné sur les différentes Lancer apparues par la suite, ce 16 soupapes turbo a adopté deux évolutions qui lui ont permis d’afficher 280 ch et 36,2 mkg : un nouveau turbo à double entrée Twin Scroll ainsi que le Mivec, ou calage variable à l’admission. Malgré une cylindrée de 1 997 cm3, l’Evo IX s’aligne sur son ennemie jurée en termes de puissance, l’Impreza STI, qui dispose quant à elle d’un 2.5 litres en Europe. L’accroissement de puissance n’est guère perceptible une fois au volant, mais le 2 litres Mitsu affiche toujours un mode de fonctionnement à l’ancienne, avec un temps d’attente avant que le turbo n’entre en action. Si la nouvelle boîte à six rapports permet de devancer la Subaru sur toutes les reprises, avec parfois plus de trois secondes d’avance, elle ne peut imprimer le même rythme lors des accélérations.
Transmission intégrale magique
La Lancer abdique d’un et quatre dixièmes, respectivement sur le 1 000 m départ arrêté et sur le 0 à 100 km/h. Mais la véritable force de l’Evo IX demeure sa transmission intégrale, héritée de l’Evo VIII. En plus d’un Torsen à l’avant qui assure à la fois motricité et pouvoir directionnel, la chaîne cinématique dispose de deux authentiques ponts pilotés : l’un au centre (ACD), et l’autre à l’arrière (Super AYC).
L’action conjointe de ces dispositifs confère à l’auto un véritable effet gyroscopique. Le résultat dépasse l’entendement, que ce soit en termes d’efficacité pure ou de plaisir distillé au volant. Littéralement scotchée au bitume, l’Evo IX vise la corde, se place naturellement, et accepte d’enrouler sur simple demande, comme si les roues arrière étaient directrices. Un comportement aussi jouissif demande un certain investissement, des gestes vifs et quelques notions de pilotage, mais ledit plaisir de pilotage est sans égal au volant d’une voiture de série.