Graham Nearn tenait un garage spécialisé dans la Lotus Seven, au sein de la ville de Caterham, jusqu’à ce qu’il décide d’acheter les droits de production à Colin Chapman en 1973. Ainsi démarre la fabuleuse fable de l’Homme et la Grenouille qui perdure malgré les normes de pollution et de sécurité. En 2012, un périple de 1 500 km ponctué de haltes sur pistes a marqué la rédaction au fer rouge.
535 kg. Aucune béquille électronique. Un équipement et un confort minimaliste. De quoi faire fondre un puriste et fuir le quidam. La R300 Superlight dénuée de pare-brise fait passer une X-Bow ou une Atom pour une enclume. Elle repose sur un châssis étroit (S3), un essieu arrière rigide (De Dion) et se contente d’un 2 litres Ford de 175 ch. Secouez le tout et vous obtenez un mélange détonant, que l’on savoure au ras du sol, assis sur les roues arrière et connecté avec les éléments. Méfiez-vous de ce joujou anglais, il est capable d’en découdre avec des monstres trois fois plus puissants et de vous remettre les idées en place, voire de vous flanquer une véritable claque sportive.
Une Formule Renault, en plus fun !
Inutile de lui greffer une grosse cylindrée ou de la doper, cette Seven affiche un rapport poids/puissance de première génération de R8 V10. Installé longitudinalement, le quatre cylindres Duratec déborde d’agrément et secoue les environs par son échappement latéral quasi libre. Bien aidé par une boîte 6 ultracourte, virile et précise, il saisit dès les bas régimes et s’emporte dans les tours. Quel tempérament de feu !
La dénomination Superlight s’apparente à un pléonasme à bord de ce poids plume et correspond ici à un régime de 30 kg. Infime ? Sortez la calculette, cela représente 5 % du poids initial ! Avec 3,1 kg/ch, cette Cat’ est capable de bondir de 0 à 100 km/h en 5’’0 et d’accélérer aussi fort au 1 000 m qu’une autre anglaise marquante de l’époque : la Lotus Evora S de 350 ch. Pas mal pour un cigare à roulettes qui n’a jamais entendu parler d’aéro.
Cette R300 se focalise clairement sur la piste. Les réglages virils de suspension réclament de la circonspection sur le bosselé. Le train arrière a tendance à vouloir quitter la terre ferme, contrairement à l’avant qui digère bien les aspérités grâce à des combinés filetés Bilstein/Eibach. Rappelons que le constructeur propose toute une gamme de motorisations, un châssis large SV (+ 13 cm) ou des suspensions à double triangulation sur la CSR. Mais la Seven authentique, c’est elle !
Et elle fait des ravages en piste, entre une précision diabolique, des vitesses de passage en courbes irréelles et une agilité extraterrestre. Les sensations sont décuplées. Le freinage ne cesse d’être repoussé et le dégressif se conserve très tard. La poupe se déhanche légèrement et les réactions demeurent progressives. Le châssis démontre une rigueur inattendue malgré sa conception archaïque. La R300 fait penser à une Formule Renault, en plus facile et plus fun. Elle est capable de tourner en 1’21”70 sur le Club, soit aussi fort qu’une plume A11OS chaussée en Cup 2 ou qu’une puissante Nissan GT-R ou que l’actuelle M3 Compétition type G80 (en Cup2).
Cette anglaise incarne LA voiture de sport dans sa plus pure expression. Elle n’est pas là pour amuser la galerie, mais pour la sidérer par ses performances et ses saveurs émanant de la course. Sa cote ne faiblit pas et reste supérieure au prix initial en France.