« Pour un futur plus durable, il faut disposer de plusieurs options », a expliqué Toyota au moment de dévoiler ses deux AE86 concepts sous la thématique explicite « Leaving no car lovers behind » ou en gaulois « N’abandonner aucun fan de voitures ». L’idée est de faire en sorte que les icônes puissent toujours rouler dans un monde où le thermique sera banni et que les amoureux d’anciennes puissent continuer à utiliser leurs engins favoris. Bonne intention mais…
AE86 BEV
Le premier concept AE86 BEV est un retrofit puisque dans cette Corolla GT (voir celle essayée par EVO) coursifiée par Rookie Racing selon les règles de la Super Taikyu Series, les ingénieurs ont troqué le rageur 4 cylindres 1,6 litre de 125 ch contre un moteur électrique emprunté au pick-up Tundra hybride américain associé à une batterie de Prius PHEV. Même si dans le Tundra le couple est de 250 Nm, la puissance n’est que de 48 ch, on espère donc qu’ils ont rehaussé la puissance au niveau du moteur d’origine qui, rappelons-le, prenait 7500 tr/mn et participait au caractère unique de l’auto. Le groupe motopropulseur de cette BEV possède toutefois une particularité intéressante puisque il comprend une boîte de vitesses manuelle (Toyota ne précise pas s’il s’agit de celle, virtuelle, développée par Lexus).
Pou conserver une répartition du poids proche de l’origine, le pack de batterie situé dans le coffre n’est que de 13,6 kWh et ne devrait en tout état de cause offrir que très peu d’autonomie.
Mais quel est donc l’intérêt de ce genre de transformation si les autos sont dépourvues d’une partie de leur âme ? Une AE86 sans son moteur, n’est plus une AE86. Toyota affirme toutefois « que ce véhicule offre plus de plaisir de conduire que l’originale ». On aimerait en être persuadé…
AE86 H2
L’AE86 H2 Concept est une version Trueno de l’AE86 (avec les pop-ups) bien plus intéressante car son fameux 4 cylindres double arbre 16 soupapes est conservé et converti à l’hydrogène liquide qui réduit de façon substantielle les NOx (plus mauvais encore que le CO2). Cela ne nécessite que quelques modifications au niveau de l’injection et de l’alimentation mais aussi le montage dans le coffre de deux réservoirs d’hydrogène en carbone empruntés à la Mirai. L’auto conserve ainsi son caractère ou comme le dit Toyota, « ses vibrations et sa sonorité. »
Notez que les sièges, les ceintures et les boucles des deux concepts sont fabriqués en matériaux recyclés.
Pas de sacrilège, juste de l’espoir
Pour conclure, Toyota commet-il un sacrilège ? Non, évidemment puisque leur objectif est de trouver des solutions compatibles avec les objectifs de réduction des gaz à effet de serre mais aussi des alternatives au tout électrique que les politiques essaient de nous imposer sans grande concertation avec les acteurs du secteur. Il faut avouer que le modèle H2 est intéressant dans le sens où tout ce qui fait l’intérêt des autos que l’on aime serait conservé. Reste l’écueil de la production d’hydrogène vert qui n’est pas totalement transparent mais la transition serait quand même moins douloureuse pour beaucoup de monde sur cette planète. N’y a-t-il pas d’autres chantiers plus prioritaires à mener ?