Lorsque la 3200 GT fait son apparition, cela fait bien longtemps que Maserati n’occupe plus la place qui fut la sienne des décennies plus tôt dans le coeur des passionnés de sport sur quatre roues. Le nouveau coupé 2+2 conçu sous l’égide de Ferrari a pour mission de faire oublier les ratés du passé, notamment ces fameux problèmes de fiabilité, et d’offrir à la marque les moyens d’aller enfin chatouiller le gratin du Grand Tourisme incarné par la Porsche 911. La 3200 GT, dont le nom fait référence à la cylindrée de son V8 et à son ancêtre la 3500 GT (1964), succède à la Ghilbi. La carrosserie, signée Giugiaro, marque une véritable rupture. Très inspiré, le dessin mêle habilement une classe folle et une belle agressivité.
Les hanches délicieusement pulpeuses font mouche et les fameux feux arrière en boomerang rendent définitivement cette Italienne pur jus unique en son genre. L’évolution est moins flagrante sous le capot avant où nous retrouvons le bon vieux V8 biturbo 3,2 litres qui équipait déjà la Shamal et la Quattroporte. De profondes modifications ont néanmoins été apportées pour d’une part améliorer la fiabilité, et de l’autre glaner quelques chevaux en plus. La moisson est impressionnante puisque la puissance passe de 330 à 370 ch, soit un rendement époustouflant de 115 ch/litre ! Le couple n’est pas en reste, avec 50 mkg contre 35, par exemple, pour le flat-six de la 911 Carrera (996). En dépit d’un poids très élevé pour la catégorie, le coupé 2+2 Maserati peut ainsi afficher des performances de premier ordre, semblables à celles des concurrentes que sont la 911, la Mercedes CLK 55 AMG et la BMW M3 3.2.
Attachante
Le V8 transalpin délivre son impressionnante cavalerie avec un sacré panache doublé d’un grondement assez terrifiant. Ce caractère mécanique endiablé conjugué à des réglages de châssis sportifs offre un comportement sauvage, difficilement endigué par le train arrière inédit et l’autobloquant mécanique.
Le tempérament de la 3200 GT est donc exigeant à la limite mais riche en sensations et capable de procurer à l’arrivée un plaisir de pilotage savoureux et parfaitement authentique. Cela dit, cette chaude Latine sait aussi se montrer docile et s’adapte à merveille à une utilisation urbaine, à condition de ne pas être regardant sur le budget essence. La présence d’un antipatinage permet en outre de sauver la mise aux optimistes qui surestimeraient la motricité de la bête sur le mouillé. L’amortissement piloté, disponible en option, ménage quant à lui une polyvalence appréciable mais montre assez rapidement ses limites sur chaussée dégradée. Au final, la 3200 GT n’est peut-être pas la GT la plus aboutie de sa génération mais assurément l’une des plus attachantes.