Où et quand ?
Depuis 2016, Lamborghini prend ses quartiers d’hiver sur le circuit glace de Livigno, situé à 1 800 m d’altitude et où la température oscille entre -15° et -5° au mois de janvier. Cette large vallée bordée de pistes de ski attire également les touristes pour certains produits détaxés : carburants, alcools et parfums. Des conditions idéales pour travailler la glace et permettre à environ 125 clients par an de valser en Lamborghini.
Le pitch ?
Les festivités se déroulent sur trois jours dans un univers exclusif (hôtel, restauration en refuge d’altitude ou gastronomique, multiples attentions), comprenant une journée et demi de roulages intenses. Les stages s’adressent aussi bien aux débutants qu’aux pilotes expérimentés. Les élèves évoluent en permanence sous l’œil de coachs expérimentés, ayant pour la plupart couru pour la marque. L’Esperienza Accademia Neve ne se définit pas comme une école de pilotage et a pour objectif premier de procurer un maximum de fun, de plaisir. La plupart des clients, en provenance du monde entier, possèdent une belle collection de sportives dont des Lamborghini. Mais quelques prospects garnissent les rangs. Les briefings/debriefings collectifs sont courts afin de favoriser la pratique et l’apprentissage à bord.
Les chiffres
Au total, 26 modèles attendent les 16 clients sur chaque session encadrée par 8 moniteurs. Dans le lot, on trouve logiquement une flopée d’Urus Performante de 666 ch (V8 biturbo) à transmission intégrale privilégiant l’essieu arrière, surtout en mode Rally. Mais la Huracán, seule supersportive au catalogue pour le moment, est dignement représentée. Des Evo intégrales de 640 ch assurent efficacement le spectacle, en coupé et en Spyder (un seul, moins spacieux). Original ! Vous vous doutez que le décapotage reste prohibé sous peine de se transformer en glaçon vue la quantité de neige remuée. Mais le cab’ recèle un atout précieux : la lunette amovible qui connecte en prise directe avec le V10 hurlant ! À se damner. Malgré ces conditions difficiles, les Huracán se dégustent aussi en propulsion de 640 ch, plus ou moins radicales : Tecnica et STO. Un délice ! Toutes les montures chaussent des pneus clous : entre 200 et 300 par roue.
Les ateliers
Les instructeurs proposent une kirielle d’ateliers, comprenant les incontournables slalom et cercle d’évolution pour s’initier au plaisir de la glisse en prenant la mesure de l’équilibre, des variations de charge, du regard et des commandes (gaz, volant). En début de journée, Lamborghini a la bonne idée de comparer les clous à de « simples » pneus hiver (des Pirelli sur mesure). Ces derniers s’en sortent avec les honneurs jusqu’à ce que l’on augmente le rythme et à ce que l’on joue avec les transferts de charge. Les grognements du V8 (échappement Akrapovic !) et les cris du V10 régalent les tympans. Les esprits s’échauffent. Les touristes présents n’en croient pas leurs yeux. L’affaire se corse avec la réalisation de l’appel contre-appel sur l’atelier dessinant un 8. Puis l’équipe propose d’originaux ateliers comme le « Top Gun », exigeant de la précision pour évoluer en drift sur un cercle et passer la ligne d’arrivée à la perpendiculaire, entre deux plots serrés et au plus près du premier. L’exercice « 007 » consiste, lui, à se prendre pour un cascadeur en débutant par un évitement, puis en réalisant un 360° avant de s’extirper proprement entre deux plots. Trop simple à vos yeux ? Pas de souci, Lamborghini sort le chrono pour un « Mini Challenge » consistant à glisser sur les trois quarts d’un cercle, puis sur un pif-paf suivi d’un 360° autour d’un plot avant de retourner au point de départ en s’arrêtant sur une courte zone imposée (sous peine de pénalité). Chaque élève dispose de trois essais avant chronométrage et le gagnant remporte une surprise. Sacré programme.
Sur la piste
Tout au long du stage, les ateliers sont ponctués de roulages en piste pour appliquer la théorie. Le tracé se veut très technique et la vitesse n’est pas prioritaire. Ce qui compte, c’est la réalisation d’un tour parfait tout en glisse, en exécutant un balai sans fausse note. Le cerveau doit se reconfigurer au passage de la propulsion à la transmission intégrale et se dire qu’un mastodonte de 2,1 tonnes débarquant à l’envers dans une courbe a une chance de s’en sortir, à condition de conserver les gaz et de viser la sortie en débraquant ! Le tout, c’est d’y croire. Nous vous en dirons plus sur les techniques enseignées et les astuces pour aller plus vite dans le prochain numéro de Motorsport. Justement, à ce propos, Lamborghini utilise la télémétrie embarquée pour ceux qui désirent jauger leur progression et ajouter l’efficacité au fun. Intéressant. Les Huracán Evo 4WD restent logiquement imbattables pour mêler ces deux qualités avec brio, tout en connectant à la glace, en évitant d’écarter la trajectoire et en dessinant des trajectoires au cordeau. Mais les pures propulsions Tecnica et STO font davantage s’emballer le palpitant, en exigeant dosage et finesse pour compenser la baisse de motricité. L’art de la glisse à des angles étonnants prend le pas sur l’efficience. Mais quel pied de boucler des tours sans jamais avoir les roues droites et avec une bande-son aussi vibrante ! Le nirvana.
Le prix
Les trois jours de stage reviennent en moyenne à 10 000 € par conducteur. Les intéressés doivent se rapprocher de leur concessionnaire. Les places sont chères dans tous les sens du terme, puisque seulement environ 125 personnes à travers le monde (hors accompagnants) peuvent réaliser ce stage chaque année. L’exclusivité ne s’arrête pas aux autos et touche l’ensemble des prestations : voyage, logement, repas, accompagnement personnalisé. Toute cette logistique mérite aussi cinq étoiles.
L’opinion
Le stage coûte cher, mais le tarif se justifie par la qualité des prestations et le sentiment d’exclusivité permanent : qualité de l’enseignement, plateau à disposition, mécaniques d’exception, logistique offerte. Ce stage a emballé aussi bien les clients débutants sur glace que les pilotes confirmés. Tous ne songent qu’à une chose : recommencer, même si certains sont déjà venus trois fois ! Tout le monde repart avec des photos/vidéos dédiées et des souvenirs givrés plein la tête. Pour cette saison, toutes les sessions affichent d’ores et déjà complet et les intéressés doivent patienter jusqu’en 2024. Lamborghini hésite à quitter le nord de l’Italie pour retourner en Laponie, comme de nombreux autres constructeurs.