Si près du but, encore…
C’est lors de la onzième et avant dernière étape du Dakar 2024 que Sébastien Loeb et Fabian Lurquin ont vu leurs espoirs de victoire s’envoler en même temps que le triangle avant gauche de leur Prodrive Hunter pliait à la réception d’une bosse. Alors qu’il était parvenu à s’approcher à 13’22 » de Carlos Sainz à deux étapes du terme, Sébastien Loeb a connu pas moins de 5 crevaisons et a cassé sa suspension au kilomètre 132 de la spéciale entre Al’Ula et Yanbu. Faute de pièce, l’équipage a dû attendre plus d’une heure l’arrivée d’un équipage chinois courant également sur un Prodrive Hunter (lire l’essai) pour pouvoir prélever la pièce, réparer et reprendre la route. Ils terminent 58e de l’étape.
Dans un passage lent, en première, on a basculé sur un sommet et il devait y avoir un rocher derrière que je n’ai pas vu. Ça a cogné dans la roue avant et tordu tout le bazar. Une pièce est tordue et on ne l’a pas dans nos pièces de rechange embarquées dans la voiture donc on va devoir attendre le camion d’assistance. C’est frustrant mais cela n’a pas souri, c’est comme ça. On savait que ce serait pas facile face aux Audi qui sont plusieurs et qui peuvent s’entraider.
Avec 1h36 de retard sur Sainz au général, Loeb recule en troisième position 9 minutes derrière Gregoire de Mevius (Overdrive Racing) et 6 minutes devant Guerlain Chicherit (Overdrive Racing) qui signe une deuxième victoire d’étape consécutive aujourd’hui au volant de la Toyota privée engagée par sa propre écurie. Carlos Sainz pourrait donc offrir dès demain à Audi sa toute première victoire sur le Dakar. Et sans doute la dernière puisqu’il devrait s’agir de leur dernière participation avant de basculer vers le programme F1. Des rumeurs annoncent l’arrivée du pilote espagnol chez Ford (M-Sport) l’an prochain.
Mais cette nouvelle avarie rencontrée par Sébastien Loeb sur le Dakar n’est pas nouvelle puisqu’en sept participations, il n’a absolument jamais été épargné. Pour celui qui a réussi à remporter neuf titres consécutifs de champion du monde des rallyes entre 2004 et 2012, sa quête d’une victoire sur le Dakar doit lui sembler extrêmement longue et éprouvante. Conjurera-t-il le mauvais sort qui s’acharne sur lui grâce à l’arrivée de Dacia qui devrait permettre à son buggy de progresser en fiabilité, c’est tout ce qu’on lui souhaite.
Retour sur toutes ses galères (car oui, il n’a connu que des galères sur le Dakar)
Il débute sa quête du Dakar lors de la 38e édition en 2016 au sein de l’équipe Peugeot Sport et au volant du 2008 DKR aux côtés de Carlos Sainz, Stéphane Peterhansel et Cyril Despres. En tête du classement général à l’issue de la première semaine de compétition, il subit de multiples crevaisons, enlisements et incidents mécaniques durant la seconde semaine et termine à plus de 2 heures de Peterhansel, vainqueur.
En 2017, pour sa deuxième participation avec Daniel Elena au volant d’un Peugeot 3008 DKR, il signe le plus grand nombre de temps scratch de la course mais plusieurs problèmes mécaniques lui coûtent la victoire. Il termine second à 5 minutes seulement de Peterhansel à nouveau vainqueur.
En 2018, toujours chez Peugeot, c’est une mauvaise année, il abandonne lors de la 5e étape entre San Juan de Marcona et Arequipa au Pérou, après que Daniel Elena se soit blessé en début de journée. Carlos Sainz sur Peugeot remporte la course.
En 2019 sur un vieux 3008 DKR privé, il remporte 4 spéciales mais un cardan cassé l’empêche de poursuivre sa lutte pour la victoire et le rejette finalement à la troisième place. Nasser Al-Attiyah (Toyota) décroche la victoire au général. Mais il n’a pas le temps de ressasser car il enchaîne directement avec le Monte-Carlo chez Hyundai.
Absent du Dakar en 2020, Sébastien Loeb revient en 2021 avec Prodrive sur la course désormais disputée en Arabie Saoudite. Mais c’est aussi le début des galères avec son Hunter puisqu’il abandonne lors de la 8e étape après plusieurs crevaisons l’immobilisant plusieurs heures. Deux jours plus tôt, il avait déjà attendu des heures qu’un camion d’assistance puisse le dépanner après la rupture d’un triangle (déjà). C’est Stéphane Peterhansel sur Mini qui l’emporte.
En 2022, après avoir remplacé Daniel Elena par Fabian Lurquin, il égale son meilleur résultat en terminant deuxième à 27 minutes de Nasser Al-Attiyah (Toyota). L’écart entre les deux s’est joué sur un seul fait de course lorsque l’Alsacien perd une demi-heure à cause d’un problème de transmission (casse de l’arbre longitudinal arrière) le troisième jour. Malgré un attaque de tous les instants ensuite, il ne parviendra jamais à combler l’écart.
En 2023, c’est rebelote. Sébastien Loeb remporte pas moins de 7 victoires d’étapes mais échoue une nouvelle fois en deuxième position (à 1h20) derrière Nasser Al-Attiyah sur Toyota. Il faut dire que tout espoir s’était envolé dès la deuxième étape durant laquelle il fut victime de trois crevaisons. Rejeté d’emblée à la 31e place du classement général, à plus d’1h20 de la tête, c’est presqu’un miracle qu’il soit parvenu à revenir sur le podium.