Essai

Essai BYD Seal 3.8s Excellence (2023) : Du sport ? où ça ?

Désormais, les constructeurs chinois devancent leurs homologues européens en matière de technologie électrique. Le rapport prix/prestation des modèles vendus chez nous est souvent déroutant, c'est encore le cas avec cette BYD Seal qui se présente comme une 'sportive premium accessible'. Qu'en est-il vraiment quand on la secoue ?
SOMMAIRE

Où et quand ?

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Le 23 novembre par une météo fraiche mais sèche, au travers des jolis paysages (malheureusement abimés par l’incendie de 2022) de Bordeaux, du bassin d’Arcachon et de la dune du Pilat sur des routes désespérément rectilignes et tristement limitées à des vitesses d’escargot.

Le pitch

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BYD est le premier constructeur automobile chinois, il fait partie du secteur privé (pas de lien avec l’Etat) et revendique la place de n°1 mondial sur le domaine des électriques et des hybrides après en avoir vendu 5,7 millions d’unités. BYD est présent en Europe depuis très longtemps avec ses véhicules commerciaux et ses bus électriques mais a désormais de grandes ambitions avec ses voitures. Ils devraient acquérir une usine de production sur le Vieux Continent d’ici la fin d’année.

BYD est également un producteur de batteries (ils possèdent des mines de matériaux rares), de semi-conducteurs, ils conçoivent et fabriquent leurs interfaces électroniques (un iPad sur deux est fabriqué chez eux), leurs moteurs, bref, leur champ de compétences est extrêmement large dans le domaine de l’électrique. Parmi tous les constructeurs mondiaux, c’est le seul à maîtriser l’ensemble du processus de conception et de fabrication de ses automobiles.

Pour les curieux, BYD a changé de politique d’appellations pour ses voitures afin d’être compris mondialement (les noms type Tang et Huan, c’est terminé) et adopté des noms d’animaux marins. Dolphin sur le modèle précédent et Seal sur celui-ci qui veut dire phoque (ça marche mieux en Anglais qu’en Français, je vous le concède). Et pour les plus curieux encore qui veulent savoir le pourquoi du ‘3,8 S’ sur une auto électrique qui n’a pas de cylindrée, c’est en fait le chrono sur le 0 à 100 km/h du modèle !

Premier regard

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Pour certains, c’est agréable à regarder, pour d’autres, ça ressemble à une copie de Tesla mais le moins qu’on puisse dire c’est que la Seal reste extrêmement consensuelle et ressemble en gros à tout ce qui se fait actuellement sur ce segment sans gros effort pour se distinguer sinon quelques gimmicks qui tendent à surcharger plus qu’à embellir. Ce n’est pas avec le design de la Seal qui marie une silhouette de Model 3 avec des optiques avant de Renault Mégane et arrière de Mercedes ou de Smart #1 et #3 que BYD va se faire remarquer dans la rue.

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Par contre, l’intérieur est nettement plus chaleureux et remarquable. Sellerie cuir, revêtement microfibre, sièges électriques et volant chauffants, surpiqûres (tout est de série), la qualité d’ensemble de la partie haute (sur le bas cela reste du plastique dur) est franchement bonne et rehaussé par la luminosité apportée par le toit intégralement vitré. Tout paraît très solide et notre intérieur Tahitian Blue est vraiment agréable à l’oeil.

Il s’agit d’une grande auto de 4,80 m de long (empattement de 2,92m), plus longue de 8 cm qu’une Model 3.

Les chiffres (et quelques lettres)

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L’arrivée de BYD en Europe et en France va de pair avec la sortie de leurs dernières innovations technologiques : la nouvelle ePlatform 3.0, leur nouveau type de batteries (Lithium Fer Phosphate) baptisé Blade ainsi que leur groupe motopropulseur 8-en-1 ou encore leur système de gestion du couple délivré aux roues appelé iTac (au temps de réaction de 10ms), tout ceci se trouve sur la Seal.

Les deux moteurs (asynchrone à l’arrière et synchrone à l’avant) développent en pic 530 ch et 670 Nm de couple (313 ch à l’arrière et 217 à l’avant). Notez que l’auto embarque une pompe à chaleur qui permet d’optimiser le maintien en température des batteries et donc d’améliorer l’autonomie.

Le poids est de 2185 kg. La capacité de chargement de 400 litres à l’arrière et 53 litres à l’avant.

Le pack de batterie qui sert à la rigidité de la plateforme est d’une capacité de 82,5 kWh (on ne connait pas le chiffre net ‘utilisable’), ce qui donne une autonomie WLTP de 520 km. L’auto accepte des recharges en AC (courant continu) jusqu’à 11 kW et en DC jusqu’à 150 kW (soit une recharge de 10 à 80% en 37 minutes sur une borne rapide et dans des conditions idéales qui sont rares).

Concernant le châssis, BYD propose du sérieux avec une monocoque très rigide posée sur une suspension avant à double triangle et multibras (5) à l’arrière. Le Cx remarquable est de 0.219.

 

Le truc en plus

Même si objectivement, ça ne sert pas à grand chose, l’écran central rotatif de 15″6 fait son petit effet. Et la fluidité de son interface est du niveau de celle de Tesla, c’est à dire excellente.

 

 

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Le râleur, il dit quoi ?

Le marché de l’électrique est dominé par les Americains de Tesla mais les Chinois de BYD (et les autres) vont prendre leur part du gâteau dans les années à venir. Il serait temps que les constructeurs européens se montrent compétitifs pour éviter le crash.

Sur la route

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Entendons-nous bien, la BYD Seal extrêmement bien équipée et très accueillante avec son toit vitré panoramique et sa jolie finition est si vous la conduisez en bon père de famille une bonne auto qui contentera tout le monde. Mais BYD décrit sa Seal comme une « berline sportive », d’où notre présence pour voir de quoi il en retourne réellement (oui, le sportif, c’est notre crédo). Disposer de 530 ch pour moins de 50 000 euros, c’est remarquable et ça impressionnera le quidam qui cherche le frisson (ou la nausée, c’est selon) dans la ligne droite grâce au 0 à 100 km/h en 3″8. Il devra toutefois composer avec une suspension un peu ferme à basse vitesse car marier puissance démesurée, poids éléphantesque, tenue de route et suspension passive avec confort est un exercice très difficile.

Si d’aventure, il vous prenait l’envie de vouloir vérifier la ‘sportivité’ de la Seal, vous serez déçu. La suspension qui est plutôt ferme à basse vitesse a beaucoup de mal à contrôler les mouvements de caisse dès qu’on augmente le rythme. Il s’agit d’une suspension passive (même si elle est dite semi-active) qui fait varier sa fermeté automatiquement grâce à une valve qui laisse passer un flux d’huile à travers le cylindre de l’amortisseur en fonction de la chaussée. Résultat, l’arrière a tendance à beaucoup rebondir tandis que la direction au rendu artificiel qui ne communique pas grand chose devient alors trop rapide et perd en précision. Tout ceci combiné n’en fait pas une auto que l’on prend plaisir à pousser en virages (car oui, le sportif, ce n’est pas qu’accélérer en ligne droite).

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BYD définit la Seal comme une sportive…

Comme toute les électriques dont les batteries se retrouvent dans le plancher, l’équilibre général est plutôt bon. Le système iTac de gestion du couple qui regroupe les fonctions d’antipatinage, de différentiel et de torque vectoring est efficace dans le sens où l’auto s’inscrit plutôt bien avec un train avant qui plonge à la corde et une poupe qui déleste et enroule. Mais ensuite, l’ESP déclenche tout de suite pour calmer l’auto. C’est dommage mais avec un tel poids et des pneus 235/45 R19 Continental EcoContact 6 Q (alors que le communiqué annonce des Conti SportContact 7 ???) , c’est sans doute plus sage. Si vous fouillez dans les menus (vous allez être obligé pour déconnecter ces satanés ADAS qui font biper l’auto en permanence), vous découvrez que l’ESP est déconnectable mais, l’enthousiasme est de courte durée puisque le système se remet automatiquement en fonction à partir de 80 km/h.

L’auto étant par défaut une propulsion qui envoie du couple vers l’avant en cas de besoin, on pouvait espérer que le mode Sport la rende plus joueuse mais ce n’est pas le cas. Seules une direction alourdie et une réponse moteur plus virulente distinguent ce mode tandis que l’iTac empêche toute forme de patinage des roues arrière en coupant la puissance, volant braqué. La Seal n’est pas une boute-en-train, c’est une familiale, un point c’est tout. En l’espèce, une ancienne Tesla Model 3 Performance (on attend la nouvelle version) est autrement plus ludique avec son mode Track étonnant.

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Au registre consommation, nos confrères de la presse sage ont effectué les 250 km du parcours extrêmement lent (avec quelques portions d’autoroute) en utilisant entre 50 et 70% de la batterie (autonomie WLTP annoncée de 520 km). Pour ma part, je suis sorti du road book extrêmement favorable à l’auto pour trouver quelques enchainements de virages sympathiques permettant de mettre en lumière le comportement dit sportif de l’auto. Je suis passé à 5 ou 6 reprises sur ces deux portions d’environ 2km pour tester les différentes configurations en utilisant 100% des capacités de l’auto (voire un peu plus). Résultat, à mon retour, il ne restait plus que 4% de batterie et 18 km d’autonomie pour environ 260 km parcourus (le matin, c’était 68% de batterie pour 174 km) avec un pic de consommation enregistré de 43,9 kWh/100km (en moyenne, on tourne plutôt autour de 20 kWh/100 km). Les électriques ne sont généralement pas très économiques en utilisation intensive, la Seal ne fait pas exception. Vous allez me dire qu’il en va de même pour les thermiques et vous auriez raison, mais il est à ce jour plus facile et rapide de faire un plein de Sans Plomb que de trouver une borne rapide pour recharger sa batterie. Même si on perd assez rapidement la possibilité d’utiliser la totalité de la puissance, l’auto conserve suffisamment de ressources pour rouler correctement au-dessous des 10% de batterie.

Sachez aussi que lors de très gros freinages sur certains revêtements, de gros bruits sourds comme des cognements se sont produits à plusieurs reprises sous le châssis sur au moins deux des autos à l’essai. Pour l’instant, nous n’avons pas eu d’explications.

Et pour ceux qui roulent en Allemagne, sachez que la vitesse maximale est limitée à 180 km/h (195 km/h compteur)

Sur la piste

Il est préférable, je pense, de ne pas s’y rendre en BYD Seal, ça n’est clairement pas mis au point pour rouler trop fort.

Le bienheureux, il dit quoi ?

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C’est joli cet intérieur Tahitian Blue

Les tarifs, la concurrence

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Notre Seal 3,8S Excellence 4 roues motrices est affichée à 49 990 euros, soit à peine 3000 euros de plus que la version propulsion Design (313 ch / 0-100 km/h 5″9 / 570 km d’autonomie). Cependant, cette dernière est éligible au bonus de 5000 euros contrairement à sa grande soeur, ce qui porte l’écart à 8000 euros. L’auto est garantie 6 ans et 150 000km et les batteries 8 ans et 200 000km.

Hormis le Gris Indigo et le Vert Ombre, BYD ne propose pas d’options sur la Seal déjà extrêmement bien équipée. Vous pouvez tout de même choisir entre 6 couleurs et deux ambiances intérieures, mais ce faible choix permet de produire en amont tous les modèles possibles et de les envoyer en Hollande où elles sont stockées en attendant d’être livrées aux clients de l’Europe entière. Les délais de livraison sont ainsi assez courts.

Le réseau français est encore embryonnaire (une dizaine de concessions fin novembre) puisque la marque n’est présente chez nous que depuis 6 mois mais ils ambitionnent d’en ouvrir une cinquantaine l’an prochain pour atteindre les 100 points de vente en 2025.

En conclusion

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Bien finie, bien équipée, convaincante en utilisation basique, la BYD Seal qui se revendique 'berline sportive' n'a rien de vraiment sportif si ce n'est une mise en action violente due à ses deux moteurs et à sa puissance de 530 ch. Mais au-delà de ça, rien de remarquable à signaler en matière de sportivité et de comportement dynamique. Aucun metteur au point spécialisé dans les sportives ne s'est penché sur le sujet, c'est une évidence.
Mais pour le reste et si vous êtes du genre à rester très sage au volant, c'est une proposition intéressante pour le quotidien, d'autant plus que BYD est une entreprise extrêmement puissante et diversifiée qui maîtrise tous les secteurs de la fabrication d'une automobile électrique moderne. C'est rassurant quant à la pérennité de la marque, au Service Après-Vente et à son potentiel à venir.

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LE VERDICT
Rapport prix/performance/équipement
Belle qualité de finition intérieure
Amortissement et direction peu convaincants en utilisation intensive
Sous contrôle permanent de l'électronique
Pas sportive du tout
NOTRE AVIS
2.5/5

SPORTIVES
D’OCCASION

 FICHE
TECHNIQUE
Moteur
2 électriques
Disposition
Avant_arriere

CO2 (g/km)

0 g/km
Puissance (ch à tr/mn)
530 ch en pic
Couple (Nm à tr/mn)
670 Nm en pic
Type de transmission
Intégrale non permanente
0-100 km/h annoncé
3''8
Vitesse maximum
180 km/h
Poids
2185 kg
Prix
49 990 euros

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