Le groupe VW qui vend environ 40% de sa production en Chine voit actuellement ses ventes baisser sous la pression de la concurrence locale de plus en plus puissante, moderne et qualitative. Pour maintenir ses parts de marché, vitales pour le groupe, et proposer de nouveaux modèles électriques capables de rivaliser avec les constructeurs chinois hyper actifs, le groupe aurait immédiatement besoin de sa nouvelle plateforme électrique mais, malheureusement, celle-ci a pris du retard et se trouve encore en développement.
Faut-il y voir un retournement de l’histoire ou, plus inquiétant, un indice sur l’évolution du secteur automobile mondial, mais il se trouve que VW comme Audi se sont vus contraints de signer des accords avec des constructeurs chinois pour obtenir la fourniture de plateformes qui supporteront les futurs modèles de ces deux marques ! Oui, les prochaines Audi et VW électriques reposeront sur des architectures conçues en Chine par des constructeurs chinois pour des autos chinoises.
Chez Audi, c’est le SUV LS7 d’IM Motors, la marque de luxe du groupe SAIC (propriétaire entres autres de MG) qui va servir de base pour un futur modèle Audi dont on ne sait même pas s’il sera vendu exclusivement en Chine ou partout ailleurs dans le monde.
Dans le cas de VW, cet appel au secours auprès des partenaires chinois devient même assez risible puisque la plateforme fournie par Xpeng proviendra d’un ancien véhicule pendant que les nouveaux modèles de la marque présentés en avril au salon de Shanghai reposeront eux sur une toute nouvelle plateforme plus moderne !
Le partage de plateformes sont une pratique commune dans l’industrie automobile (Ford vend des pick-ups VW, Infiniti a vendu des Mercedes, Mercedes a longtemps vendu des Kangoo, pas mal de petites Subaru était des Toyota et certaines Opel des Suzuki…) mais, même si Audi et VW installeront leurs moteurs et leurs softwares sur ces plateformes, c’est une première de voir un des leaders automobiles mondiaux devoir réclamer à des constructeurs chinois un soutien technologique d’une telle ampleur. Lorsqu’on sait que, depuis plus de 30 ans, l’automobile européenne est forcée de transférer sa technologie aux acteurs locaux afin de pouvoir vendre en Chine, on se dit que tout cela ressemble beaucoup à un douloureux retour de bâton
Certes, ceci semble transitoire et le groupe VW devrait bientôt avoir sa propre plateforme à disposition mais il est inquiétant de voir qu’aujourd’hui, la Chine parle d’égal à égal (à minima) avec l’un des constructeurs allemands théoriquement le plus avancé et le plus impliqué dans la voiture électrique. Alors que les constructeurs chinois déferlent actuellement sans aucune entrave et avec une politique de prix extrêmement agressive sur le marché européen, le message envoyé aux consommateurs européens (si on leur achète leurs plateformes, c’est que la Chine est technologiquement crédible et même en avance sur nous) n’est-il pas un peu contre-productif ? Voire dangereux ?
Audi et VW qui ont tant poussé pour imposer l’électrique en Europe ne commenceraient-ils pas à payer cet engagement dogmatique aveugle, essentiellement nourri par les conséquences désastreuse du Dieselgate dont ils sont à l’origine ? Et avec eux, ne risquent-ils pas d’emporter toute l’industrie automobile européenne ? On ne l’espère évidemment pas mais l’inquiétude est réelle.
