Il manque un truc !
La première chose que l’on remarque en montant dans la nouvelle Mini Cooper S n’est pas son habitacle redessiné, aussi intelligent soit-il. Ce n’est pas non plus le bouledogue anglais animé qui vous regarde d’un air effrayant à travers l’écran d’infodivertissement (il s’agit de Spike, le nouvel « assistant personnel » de Mini). Non, ce qui vous frappe, c’est que vous avez beau chercher, il n’y a absolument aucun moyen de changer de vitesse vous-même. Il n’y a pas de boîte manuelle, il n’y a pas de levier de vitesses automatique entre les sièges et vous chercherez en vain une paire de palettes derrière le volant. Pour une citadine sportive essence de 204 ch, une véritable Cooper S en somme, c’est très étrange.
Plongez dans le configurateur en ligne Mini et vous trouverez une option « Boîte de vitesses automatique Sport à double embrayage avec palettes au volant », qui, heureusement, ajoute des palettes au volant. Elle ajoute également près de 8000 euros au prix de base catalogue de 33 500 euros, car l’option n’est disponible qu’avec le niveau de finition JCW le plus haut de gamme facturé à partir de 41 340 euros. Wouah !
Une plateforme différente de la SE
Palettes ou pas, cette nouvelle génération de Cooper S promet malgré tout d’offrir la saveur unique des Mini sportives dans un ensemble plus moderne et plus performant que jamais, à une époque où les concurrentes à moteur thermique telle que l’Abarth 500, la Hyundai i20 N et la Ford Fiesta ST n’existent plus.
Bien qu’elle ressemble beaucoup à la Cooper SE électrique, la nouvelle Cooper S (nom de code F66) repose sur une plateforme complètement différente de son homologue à batterie. Son architecture UKL1 est une évolution de celle du modèle précédent, et si vous la placez côte à côte avec l’électrique, vous remarquerez le profil latéral différent de la version thermique avec son pare-brise plus vertical.
Le 4 cylindres B48 BMW de 2 litres de cylindrée fournit 204 ch et 300 Nm de couple aux roues avant, la seule transmission disponible est une boîte automatique double embrayage à sept rapports. La Cooper SE électrique produit plus de puissance et de couple, mais la S est plus légère de 320 kg (1285 kg) et atteint les 100 km/h un dixième plus vite, en 6,6 secondes.
La qualité et le design de l’habitacle sont les points forts de la Mini par rapport à la plupart des autres citadines sportives. L’utilisation de tissus et les projections d’éclairage d’ambiance sur le tableau de bord lui confèrent un aspect résolument moderne et haut de gamme, et l’écran d’info-divertissement OLED circulaire est l’un des plus clairs et des plus réactifs de la catégorie. Il contient un peu trop de fonctions (les commandes de climatisation, par exemple) et il faut un certain temps pour s’y retrouver dans l’interface, mais la fonctionnalité est digne de voitures de classes supérieures. Avec ses montants presque verticaux et son pare-brise étroit, c’est bien une Mini, mais l’on se sent un peu claustro derrière le volant…qui est lui-même assez pénible. Il est si épais qu’on a du mal à le tenir, alors qu’un volant à la jante plus fine conviendrait beaucoup mieux à ce type de voiture.
Derrière le volant
Vous ressentez les effets de ce poids plus léger (même si la SE ne semble pas aussi lourde qu’elle l’est en réalité), mais la version thermique est plus agile et plus prompte à changer de direction. Bien que les deux voitures soient équipées de châssis différents, il est évident qu’elles partagent le même ADN, avec la même nervosité exagérée que nous avons appris à connaître (voire à aimer) sur les récentes Mini sportives. La direction est très directe et engage le nez dans les virages avec une réelle ténacité, la réponse de l’accélérateur est enthousiaste en mode Sport et l’amortissement est constamment trépidant, la Mini se balançant sur la largeur de la route et luttant contre le revêtement au lieu de l’épouser. Tout cela confère à la Cooper S un caractère énergique qui peut sembler exagéré lorsque vous n’êtes pas d’humeur, mais qui vous rappelle en même temps que vous êtes au volant de la Mini la plus sexy du marché (jusqu’à l’arrivée de la JCW plus tard dans l’année).
Le passage en mode Go Kart augmente le consistance de la direction, aiguise la réponse du moteur et relâche l’ESP, mais il est possible d’ajuster ces paramètres soi-même. C’est une bonne chose, car le mode Sport de la direction est inutilement lourd, et vous avez la possibilité de désengager complètement l’antipatinage si vous le souhaitez. Les amortisseurs sont cependant passifs, et il n’est donc pas possible d’adoucir la suspension qui reste vraiment très ferme. Cela signifie cependant que le maintien de caisse n’est pas mis en défaut facilement, ce qui vous encourage à utiliser l’agilité de la Mini lorsqu’on hausse le rythme.
La partie la plus frustrante lorsque vous poussez en Cooper S est votre dépendance totale au logiciel de boîte qui doit choisir le bon rapport au bon moment. Le calibrage est souple et bien adapté en conduite normale tandis que le mode Sport est beaucoup plus agressif. Il y a des moments où cela fonctionne bien : il rétrograde rapidement sur les freinages appuyés pour anticiper une reprise rapide des gaz en sortie de virage, et il maintient les rapports lorsque vous gardez un minimum de gaz afin de garder le moteur en éveil. Dans d’autres cas, les hauts régimes excessifs sont désagréables lorsque vous roulez tranquillement, et il n’est pas possible de régler la voiture en fonction de la conduite que vous souhaitez adopter. Si vous voulez rétrograder pour gagner de la reprise en virage, c’est impossible, et si vous préférez monter le rapport supérieur et utiliser la plage moyenne du moteur, c’est également impossible. Vous êtes privé d’une interaction essentielle avec le moteur et votre conduite s’en ressent.
Cela dit, le 4 cylindres B48 n’est pas non plus un moteur très souple ni très expressif avec lequel on se plait à interagir. Il est très efficace, tire fort à partir d’environ 3000 tr/mn et permet à la Mini de tenir un rythme vraiment rapide, mais les hauts régimes ne valent pas la peine d’être explorés d’autant que la bande son est plate et monotone. Il donne cependant l’impression d’un gros potentiel dans une petite voiture avec son boost pendant que le volant s’agite entre vos mains comme toute bonne GTI qui se respecte. La motricité est également forte, la Cooper S s’extrayant fort des virages lents et semblant toujours cohérente en conduite rapide.
En tapant un peu dans les Pirelli Cinturato, le châssis se montre volontaire, même si le crissement des pneus est inhabituel sur certains revêtements. La Mini tient quand même sa ligne et il y a même un soupçon de mouvement à l’arrière si vous braquez agressivement. Mouvement qui peut se transformer en une glissade plus importante si vous levez le pied de l’accélérateur. D’une manière générale, l’auto est stable et pour rompre cet équilibre, il faut y aller énergiquement. Vous n’êtes toutefois pas aussi limité par le train avant que dans une Abarth 695.
Ces Cinturato ne sont pas particulièrement efficaces et remontent une certaine imprécision dans la direction et le châssis lorsque vous approchez de la limite. La Mini peut parfois devenir brouillonne lorsqu’elle est conduite à fond, peut-être à cause de sa direction trop lourde et de la dureté de l’amortissement. Elle est amusante mais plus brutale qu’une Fiesta ST, moins souple.