Et j’en veux pour preuve cette merveilleuse séquence diffusée lors de la dernière étape du Tour de France cycliste qui a eu lieu ce dimanche entre Saint-Quentin-en-Yvelines et Paris où l’on voit le peloton débouler au bas d’une descente et passer devant un radar fixe apparemment réglé sur 50 km/h. La vitesse des cyclistes qui n’avaient pas l’air de forcer beaucoup à ce moment était située autour de 65 km/h. Résultat : le pauvre radar se met à crépiter comme lors de sa tendre jeunesse, avant que les gens du coin ne repèrent la sournoise boîte à images.
Si même un vélo déclenche ce radar, j’ose à peine imaginer le ralentissement que doit effectuer une voiture pour respecter cette vitesse d’escargot. Un cycliste pourrait donc doubler tranquillement les véhicules sur cette portion, je trouve ça perturbant. Certes, beaucoup vont dire que le lieu est sans doute dangereux et que si c’est le seul moyen pour faire ralentir les autos, il faut l’utiliser mais on peut regretter qu’une simple signalisation annonçant un danger ne soit pas utilisée.
Il n’en reste pas moins que je suis toujours aussi dubitatif sur l’efficacité de l’installation d’un radar dans une zone limitée à une vitesse très basse (le pire étant les radars travaux mobiles), ajoutant ainsi un danger supplémentaire à celui dont la zone est censée être porteuse. Je pense sincèrement qu’il est préférable d’avoir l’oeil en permanence sur la route et sur les usagers autour lorsque l’endroit est dangereux plutôt que de devoir surveiller en plus de cela son compteur de vitesse et où se situe le radar en question !
On imagine par ailleurs que dans le cas de tous ces flashs inutiles de cyclistes (il y au moins trois flashs sur une petite partie du peloton) aboutiront à une montagne d’images qui devront être traitées à Rennes, retardant d’autant le traitement des vraies infractions. Et un système qui informe plusieurs mois après l’auteur d’une infraction n’est pas un système viable et efficace. Il n’a en tout cas pas l’effet escompté et est même, à mon sens, totalement contre-productif.
👮 You got caught speeding! 📸
👮 Flashés ! 📸#TDF2023 pic.twitter.com/gsn1RmtaAI
— Tour de France™ (@LeTour) July 23, 2023
Pour revoir cette séquence insolite du Tour de France en plus long et avec plus d’explications, rendez-vous sur ce lien
Mais ce que je trouve le plus stupide dans l’automatisation, c’est l’absence de tout discernement. Certains vous diront que c’est toujours mieux que le discernement d’un agent de police de mauvaise foi (de mon expérience, cela reste extrêmement rare) mais malgré cela , je pense que la notion de danger réel se doit d’être rapportée aux conditions du moment, pas seulement à la vitesse de déplacement. C’est généralement le différentiel de vitesse avec les autres usagers qui est dangereux.
Et je n’aborde même pas le sentiment d’insécurité que procure le fait de rouler à la même vitesse que des 38 tonnes (voire moins vite quand c’est à 70 km/h), ou encore le manque de concentration qu’engendrent ces circulations limitées à des vitesses tellement basses que beaucoup de gens trouvent sans danger de rouler sur la voie du milieu tout en pianotant sur leurs smartphones. Plus grand monde ne trouve utile de rouler à droite quand tous les usagers roulent à des vitesses aussi basses. Quand on sait qu’une auto peut arriver plus vite que vous, on fait plus attention à ce qu’il se passe derrière soi et sur quelle voie l’on positionne sa propre voiture. Il est rare qu’on déboite sans regarder son rétroviseur ou que l’on reste à gauche sur des portions à vitesse illimitée en Allemagne (mais ça vaut aussi sur les autoroutes à 130 km/h).
On se demande si, parfois, les personnes en charge d’établir les limites de vitesse et de placer les radars testent l’efficacité et la sécurité de leurs choix. Il serait parfois bon de se remettre en cause ou au moins de vérifier que ces choix sont bien pertinents.