Nous avons quitté l’équipe au Paul Ricard le 16 novembre, après la présentation de la troisième phase du projet alléchant Quarkus. La P3, produite à dix exemplaires destinés aux « parrains » de cette aventure, va servir à la mise au point dynamique étalée sur deux ans et permettra de valider les trains roulants. Rappelons que cette tueuse de chronos a pour objectif de battre la 992 GT3 RS sur un tour de piste ! Comme si ce challenge ne suffisait pas, la team française a décidé de prendre le départ de la course de côte fin juin dans le Colorado : 19,9 km, 156 virages et une ligne d’arrivée culminant à 4 305 m ! Elle n’a pas froid aux yeux.
Idée folle
L’idée est venue du pilote et présentateur Bruce Jouanny, qui va prendre les commandes du poids plume annoncé à environ 600 kg. Il a fait connaissance avec ce prototype à l’aéro impressionnante (500 kg d’appui annoncés à 200 km/h pour la série) sur le circuit des Écuyers en décembre. Il est rentré dans le vif du sujet fin janvier sur le tracé du Pôle Mécanique d’Alès, comme le relate cette vidéo. La pression est montée d’un cran, dans la tête de l’équipe et pour ce modèle de développement désormais sollicité à 100 %. Après une première journée consacrée à un état des lieux, le second jour de roulage a permis de couvrir 300 km avec un rythme donnant déjà le sourire au pilote et à son ingénieur piste provenant de la team de Romain Dumas. Mais le quatre cylindres à compresseur d’origine Kawazaki (ZH2) n’a pas tenu le choc et les mécaniciens ont dû le remplacer en vue de la dernière journée de roulage se focalisant sur les réglages châssis.
Rappelons que ce 1 litre peut dépasser les 12 000 tr/mn et qu’il développe 250 ch, comme pour le futur modèle routier/trackday. Pour la course américaine, il ne sera pas gonflé pour contrecarrer la perte de puissance liée à l’altitude, tout comme l’électromoteur de la taille d’une pastèque (50 ch). L’équipe manque de temps pour s’attaquer au groupe motopropulseur, donc la puissance maxi combinée tournera autour de 300 ch (au niveau de la mer et avec de l’E85). Pour palier le déficit de puissance, Damien Alfano précise que la P3 a tout de même l’avantage d’être légère, d’avoir un compresseur et qu’elle bénéficiera d’une boîte courte ainsi que d’un biocarburant innovant. À la base, l’indice d’octane de l’E85 s’élève déjà à 108 (RON). Pour la compétition, le breuvage concocté par une célèbre société pétrolière sera dopé en oxygène. Il reste à résoudre le problème de l’appui, chutant de 30 à 40 % en raison de la réduction de la densité de l’air avec l’altitude. Quarkus prévoit un kit aéro plus conséquent pour aider la P3 sur la fin de l’épreuve. Nous en saurons plus d’ici la fin du mois.
Course contre la montre
Le constructeur français a déjà démarré sa course contre la montre dans le but d’aligner la P3 en catégorie « Unlimited » le 23 juin. En février, l’équipe va s’atteler à fabriquer le châssis et le moteur de ce sport proto qui devrait donner naissance à trois « Première Edition » célébrant l’engagement à Pikes Peak. En mars, l’assemblage doit être terminé et le moteur passé au banc. Tous les éléments techniques doivent alors être figés à cette période. En avril, l’objectif est d’emmagasiner un maximum de roulages. Début mai, cette P3 sera dévoilée dans sa livrée définitive et elle doit traverser l’Atlantique mi-mai. Le défi semble colossal pour la petite équipe française, qui garde le sourire et s’appuie sur l’expérience de l’équipe d’assistance technique de Romain Dumas. Nous allons suivre de près cette épopée de courageux Gaulois à l’assaut de l’Amérique et nous vous en reparlons rapidement.
