Tout le monde connaît la Porsche 911 et tout le monde se souvient de la 917 dans les grandes heures des 24 Heures du Mans. Mais pour arriver jusqu’au sommet de l’endurance et de la grande classique mancelle, en devenant la marque la plus souvent victorieuse au classement général de la célèbre épreuve française, la firme de Zuffenhausen a dû passer par toutes les étapes.
Au début, elle ne visait que des victoires de catégorie avec ses versions préparées de la 356 puis de la 911. Elle a ensuite développé de vraies autos de course dédiées à la compétition, avec la 550 Spyder puis la 645, la 718 et la 904 (en passant par la 787 de Formule 1). Dans l’histoire de Porsche en compétition, la 906 arrive juste après la 904. Il s’agissait d’une auto conçue en 1966 et destinée à évoluer dans la nouvelle catégorie du Groupe 4 de la FIA. Ni une vraie routière ni un prototype uniquement réservé au circuit, la 906 était en théorie homologuée pour la route et construite à 50 exemplaires conformément à la réglementation technique (puis avec une série complémentaire de 15 autres exemplaires en raison de son succès).
Avec son flat-six de deux litres développant un peu plus de 200 chevaux, elle ne visait pas la victoire « toutes catégories confondues » dans les courses d’endurance les plus prestigieuses. Mais sa fine conception aérodynamique et sa masse très contenue (moins de 600 kilos sur la balance !) lui ont permis de décrocher des résultats excellents en compétition et même parfois de finir très haut dans le classement général. Outre la victoire dans sa catégorie des sportives de deux litres, la 906 a fini les 24 Heures de Daytona 1966 en sixième position du classement général. Elle a ensuite atteint la quatrième place des 12 Heures de Sebring cette même année avant de dominer sa catégorie aux 1000 km de Monza, de Spa et du Nürburgring. Elle a même décroché la victoire au général dans des épreuves un peu moins prestigieuses.
Le châssis 906-17 que mettra en vente la maison Balsan le 29 juin en marge du Mans Classic est un prototype d’usine qui a réalisé de jolis résultats en course : il s’agit précisément de l’exemplaire ayant terminé sixième à Daytona en 1966 en plus de sa victoire de classe, qui a servi après cela au développement des versions améliorées tout en participant à d’autres compétitions. Elle a ensuite appartenu au collectionneur et célèbre spécialiste Porsche Manfred Freisinger, qui en a profité pour réaliser une restauration complète de l’auto pour la faire rouler en compétition historique tout en conservant ses éléments d’origine. Cet exemplaire au pédigrée remarquable est estimé entre un et deux millions d’euros.