C’est un bâtiment anonyme d’une zone commerciale au sud de Paris, comme on en voit des centaines lorsqu’on traverse l’Île de France, et pourtant celui-ci cache un véritable coffre au trésor automobile : lors de notre visite, une quarantaine de voitures d’exception s’y trouvaient à vendre, souvent dans des versions très rares, voire des spécifications improbables. Bienvenue chez Moteur & Sens, l’entreprise fondée par Silvère Imbert et Pierre-Hervé Ponceau.
Rien ne prédisposait les deux trentenaires à devenir vendeurs de voitures : passionnés dès le plus jeune âge, ils rêvaient de devenir journalistes automobile dans la presse écrite et c’est à l’occasion d’un stage chez nos confrères de Sport-Auto qu’ils se sont rencontrés à la fin des années 2000, avant de poursuivre chacun leur chemin. Mais les places sont rares dans le métier et Silvère est entré dans la vente, avant de proposer à Pierre-Hervé de rejoindre en 2012 l’équipe d’un négociant automobile.
« Nous avons commencé à travailler ensemble, témoignent-ils d’une seule voix, mais nous n’étions pas heureux : nous ne pouvions pas faire les choses par nous-mêmes, nous n’avions pas de tranquillité d’esprit au moment d’effectuer des ventes. Alors, en 2018, nous avons décidé de nous lancer à notre compte avec Moteur & Sens, avec pour objectif de donner un second souffle à un métier souvent mal vu. »
Si, plus jeunes, ils n’ont jamais imaginé en faire un métier, leur approche passionnée a permis à leur activité de décoller : « Nous avions déjà une clientèle qui nous suivait de façon personnelle, et nous avons explosé en étant dès le départ carrés et commerçants, et en ne lésinant pas sur les frais pour s’assurer de la satisfaction des clients. »
Une croissance spectaculaire
Les chiffres en disent long sur cette réussite : en deux ans et demi, Moteur & Sens a vendu 700 voitures et la progression du chiffre d’affaires est spectaculaire, passant de 5 millions d’euros sur les six premiers mois de 2018, à plu de 50 millions d’euros en 2021 !
Une réussite qui s’explique en partie par l’utilisation abondante des réseaux sociaux, et particulièrement en étant très actif sur Instagram. « Nous avons pris la parole de façon transparente, face caméra, afin de rendre ce milieu moins opaque. Nous montrons toutes les voitures que nous achetons et vendons, et ceux qui nous suivent savent où elles sont entretenues, ils voient le volume de nos ventes. C’est un outil qui leur donne confiance en nous. Ce réseau s’adresse essentiellement aux moins de 50 ans, pas vraiment à nos clients donc, mais les enfants de nos clients nous suivent, ce qui nous a beaucoup aidés. »
Nos clients ne sont pas dans le paraître, mais dans la réalisation de rêves d’enfance
C’est ainsi sur Instagram que nous suivons, un soir, en direct et en vidéo, la livraison d’une auto à son acheteur : sous les notes du thème musical de Skyfall diffusé dans le showroom, une Aston Martin DB5 apparaît dans un nuage de fumée sur un fond étoilé… Voilà une expérience client spectaculaire !
Qui sont les clients de Moteur & Sens ? « À 95 % des chefs d’entreprise. Il n’y a pas des gens du show-business ou de sportifs chez nous, mais des gens qui travaillent dur pour s’offrir ce qui est parfois leur seul plaisir. Ils ne sont pas dans le paraître, mais dans la réalisation de rêves d’enfance. Certains reviennent dans les 15 jours pour un nouvel achat, d’autres vont jusqu’à se mettre en danger financièrement pour une voiture… »
16, Scuderia, Speciale, Superamerica
Le choix des modèles exposés détonne, avec de véritables collectors : dans le showroom trônent deux 16M, une 430 Scuderia, une 458 Speciale et une Speciale Aperta, ou encore une 575 Superamerica. Mais il n’y a pas que des Ferrari, et les modèles des autres marques sont tout aussi désirables : différentes générations de Porsche Carrera RS, GT3 et GT2 RS, une 992 Targa Heritage Edition, une 911 R, une McLaren 675 LT Spider, une Dallara Stradale, ou même une Aston Martin Vanquish Zagato Volante… « Nous sommes en quelque sorte dans ce métier depuis l’enfance : nous savons ce qui est classique et ce qui ne l’est pas, et sommes très attirés par ce qui sort de l’ordinaire.
Il nous arrive d’avoir des autos plus communes, mais nous sommes à l’affût de la configuration et de la version spécifiques qui font la différence. Sur ce genre de voitures, ça vaut la peine de sortir de l’ordinaire. Énormément de gens veulent des voitures grises ou noires, et l’offre est en conséquence, beaucoup moins voudront une voiture vert et jaune comme notre 911R, mais l’offre est inexistante ! Nous nous battons contre le conformisme ! Au client qui achète ce genre de configuration, nous lui disons que nous serons les premiers à lui racheter sa voiture. Nous militons pour que les gens se lâchent. Nous choisirons toujours la voiture qui fait la différence. »
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la COVID n’a pas eu d’effet négatif sur les ventes. « Nous avons eu énormément d’appels pendant le premier confinement. Les gens ont eu besoin d’un exutoire et ils avaient le temps de chercher l’auto de leur choix. À la sortie du confinement les ventes ont explosé. Les mois de mai, juin, juillet ont été record, avec 30 % d’augmentation des ventes.
Cette période a fait beaucoup réfléchir les gens, ils sont revenus aux vraies valeurs du plaisir, ils ont eu soudain envie de réaliser ce qui n’était souvent qu’un rêve. Il y a beaucoup de préjugés, comme celui qu’il s’agit d’un achat coûteux. Mais c’est un placement. L’argent que l’on met dans une voiture ne disparaît pas, en cas de problème, il suffit de la revendre. Aujourd’hui, le prix des Ferrari est assez stable. Pendant environ 10 ans, un modèle neuf va être en phase de décote, mais ensuite on ne perd plus d’argent. Une 599 GTB est au plus bas en ce moment, c’est une voiture avec un moteur extraordinaire, une ligne magnifique. Il en va de même pour les 16M, les Scuderia, etc. Ces voitures sont sans risque à l’achat. »
Et ce n’est pas un hasard s’il y a deux 16M en vente chez Moteur & Sens en ce moment : « C’est une voiture que l’on adore, c’est le summum automobile.
Les voitures produites entre 2005 et 2015 sont les plus intéressantes à nos yeux, c’est une génération qui se place entre une époque trop technologique et une qui ne l’est pas assez pour être moderne. Les nouveaux modèles sont tellement aboutis et consensuels qu’on n’y trouve plus le grain de folie des autos de cette époque, à moins d’aller sur des voitures hors-norme et qui coûtent une fortune, telle une SP2 Monza, une Pagani ou une Dallara Stradale. Avec des voitures d’une dizaine d’années on peut s’offrir un plaisir très brutal de façon beaucoup plus abordable. Un exemple : un client de 34 ans est venu aujourd’hui après avoir revendu une sportive moderne pour s’acheter une Porsche 997 RS verte de 2007. On revient à des implications de conduite un peu plus « à l’ancienne », avec des moteurs atmosphériques, des transmissions manuelles plus riches en émotions. À moins d’être un pilote, qui a besoin des performances extrêmes des modernes ? »
Pour découvrir le coffre à jouets de Moteur et Sens, rendez-vous sur leur site internet ou dans annonces Carfans.