Le designer français Robert Opron s’est éteint le 29 mars 2021 à l’âge de 89 ans. Nous lui devons une part importante du paysage automobile français des années 70 et 80, qu’il a façonné au cours d’une carrière aussi riche qu’éclectique.
Né en Picardie en 1932, il passe son enfance en Afrique où il se passionne pour l’automobile pendant la Seconde Guerre mondiale en observant les belles voitures des expatriés des colonies. Architecte de formation, il commence sa carrière en dessinant des machines de production de sucre en 1952, puis des notices destinées aux ouvriers illettrés d’une usine d’avions, avant de rentrer chez Simca. Son premier projet est une commande du Journal de Tintin pour le dessin d’une voiture des années 80. « J’étais le plus jeune et personne d’autre ne voulait s’en occuper », nous avait-il raconté dans une interview, en 2017 (voir Octane n°35). Ce projet, c’est la Fulgur (photo ci-dessous), qu’il imagine avec un moteur à hydrogène.
Des difficultés financières poussent Simca à le licencier en 1960 et, son contrat l’empêchant d’aller directement chez un concurrent, il ronge son frein chez le fabricant d’électroménager Arthur Martin, avant de répondre à une annonce parue dans le Figaro pour « un grand groupe industriel à la recherche d’un designer »
Il s’agira de Citroën, où il entre sous la houlette du légendaire et fantasque Flaminio Bertoni. Lorsque celui-ci décède en 1964, c’est Opron qui prend la tête du studio de design Citroën. Il y dessine le break Ami 6, l’Ami 8 et la M35, et signe aussi le restylage de la DS (ci-dessous), initié par Bertoni. 1970 est l’année de son sacre, avec la présentation de la SM, qu’il a dessinée avec son comparse Jean Giret. C’est ce dernier qui signera également les lignes des GS et CX, sous la supervision d’Opron (très inspirées par les études Pininfarina BLMC 1100 et BMC 1800, ce qu’Opron a toujours nié, mais que des anciens du style Citroën ont confirmé).
Il entre ensuite à la tête du design Renault, à une époque où la discipline est encore peu valorisée au sein du constructeur et où les conflits d’intérêts sont nombreux. Il y supervise les Fuego et le duo R9 / R11 (ci-dessous), dessinées par Michel Jardin, sur lesquelles on retrouve la bulle arrière de la SM, un détail stylistique qu’il affectionne particulièrement.
Mais il a moins de succès avec la Renault 25, dont le projet qu’il défend bec et ongles (la « Rafale » de Jacques Nocher) se voit préférer la « Bicaero » de l’équipe de Gaston Juchet. En désaccord avec l’entreprise, faute de réussir à faire ouvrir un studio de design aux États-Unis, il quitte Renault pour entrer chez Fiat en 1986 à la tête du design prospectif (sa grande passion) Il y signera les premières esquisses de l’Alfa Romeo SZ (ci-dessous), avant de prendre sa retraite en 1990 et de monter son studio de conseil indépendant, qui travaillera régulièrement, entre autres, pour le constructeur de voitures sans permis Ligier.
Il a signé ou supervisé
ALFA ROMEO
SZ / RZ ES30 (1989, avec Antonio Castellana)
CITROËN
Ami 6 break (1964)
DS « phase 2 » (1967)
DS Présidentielle (1968)
Ami 8 (1969)
M35 (1969)
SM (1970)
GS (1970, dessinée par Jean Giret)
CX (1972, dessinée par Jean Giret)
SM Présidentielle (1972)
LIGIER
Série 7 (1990)
Dragon Fly (1999) devenue Be-Up en série
Concept Dué (1964)
RENAULT
Fuego (1980, dessinée par Michel Jardin)
9 / 11 (1981, dessinées par Michel Jardin)
SIMCA
Fulgur (1958)