LE PROTOTYPE CSX2000
La toute première Cobra, assemblée en Angleterre par AC, probablement avec un V8 221 ci, puis envoyée aux États-Unis où un V8 260 HiPo a été installé sous son capot dans l’atelier de Dean Moon. La seule Cobra avec des freins arrière inboard. Conservée par Shelby, elle a été vendue selon sa volonté en 2016, au bénéfice de la Carroll Shelby Foundation pour le prix record de 13,75 millions de dollars.
LA PREMIÈRE VICTOIRE, CSX2026
À peine conçues, les Cobra ont commencé à courir et la Mk.I CSX2026 a été conservée par Shelby American Inc. pour faire partie de l’équipe d’usine. Pour cela, elle a été profondément préparée avec notamment une admission expérimentale alimentée par des carburateurs Weber 48 IDM. Elle a remporté la toute première des nombreuses victoires des Cobra sur le circuit de Riverside, dans la catégorie Production A de la SCCA, aux mains de David George MacDonald, puis elle a participé aux 3h de Daytona et aux 12h de Sebring 1963, avant que l’équipe ne la juge obsolète avec sa direction à boîtier et ne la revende au pilote privé Robert Lyle. Repeinte en bleu, équipée à un moment du V8 289 au lieu du 260, elle participa à plus de 20 courses en 1963 pour remporter le titre Production A national. Revendue à la fin de la saison, elle continua de courir jusqu’à la fin 1965. Elle a été repeinte en 2017 dans ses couleurs d’usine Shelby (rouge, à l’origine), aux spécifications de Daytona 1963.
LA « KEN MILES », CSX2431
Personnage clé de l’aventure Shelby, le pilote anglais Ken Miles, installé aux États-Unis, a participé à la conception et au développement de la Cobra, et plus tard des Mustang GT350 et de la GT40. Il a remporté avec cette dernière les 24h de Daytona et les 12h de Sebring 1966, mais s’est vu « voler » la victoire au 24h du Mans cette même année, comme le raconte très bien le film Le Mans 1966, centré sur sa relation avec Carroll Shelby.
Mais avant cela, il pilotait les Cobra, et durant les saisons 1964 et 1965, la Mk.II 289 CSX2431 était sa voiture personnelle sur les circuits, qu’il modifiait constamment pour l’améliorer. Il remporta avec le championnat USRRC 1964 (victoires à Watkins Glen et Meadowdale), mais son excellente 4e place aux 500 km de Bridgehampton ne suffit pas à Shelby pour remporter le Championnat du monde cette année-là : Ferrari le subtilisa par un tour de passe-passe en faisant annuler la dernière épreuve, disputée à Monza.
LA PREMIÈRE VICTOIRE FIA, CSX2137
Le grand combat entre Shelby et Ferrari commença aux 500 miles de Bridgehampton 1963, lorsque Dan Gurney remporta la première victoire internationale d’une Cobra, en Championnat du Monde FIA, au volant de la voiture d’usine CSX2137, l’une des six Cobra 289 FIA, des voitures spécialement modifiées pour la discipline.
Un évènement considérable, puisque c’était également la première victoire internationale d’un pilote américain au volant d’une voiture américaine. Les Cobra gagneront bien d’autres épreuves et Shelby remportera finalement le Championnat du monde FIA en 1965, battant enfin Ferrari, mais l’histoire n’a pas retenu que l’opposition était particulièrement faible cette saison-là, notamment en raison du refus de l’homologation des Ferrari 250 LM. Qu’importe : un titre est un titre !
LA PREMIÈRE COBRA AU MANS, CSX2142
Sans Ed Hugus, il n’y aurait sans doute pas eu de Cobra : le pilote américain a personnellement financé l’assemblage des sept premières voitures assemblées. Il a également engagé la première Cobra à courir au Mans, en 1963 (et pour la première fois en dehors des États-Unis) : CSX2142, une Mk.II équipée de l’indispensable hard-top permettant d’atteindre 260 km/h dans les Hunaudières. Pas encore assez rapide pour rivaliser avec les Ferrari 250 GTO, elle abandonnera peu après 1h30 du matin, après une rupture de bielle. Elle a connu une seconde vie dans l’équipe Ford France, avec une victoire de classe au Mont Ventoux 1964, et court toujours aujourd’hui, avec la victoire au général lors du Tour Auto 2013.
LA DRAGONSNAKE, CSX2093
Bricolé par les employés de Shelby, le châssis CSX2019 fut la première Dragonsnake, nom donné aux Cobra modifiées pour les courses de dragsters. Il y en a eu huit en tout, cinq assemblées par Shelby, et trois converties indépendamment, comme CSX2093.
L’amélioration la plus notable est la modification des passages des roues arrière pour y faire rentrer les immenses roues de 8 pouces de large chaussées de pneus slicks, mais le pack comprenait également un moteur aux réglages spécifiques, un différentiel et des suspensions modifiées, et la pose d’un hard-top pour améliorer l’aérodynamique. C’est le pilote Bruce Larson qui s’est occupé de modifier CSX2093, et il en fera la Cobra qui remportera le plus de victoires dans le circuit des courses de drag NHRA, accumulant en 1965 plus de points que tous les autres concurrents de toutes les catégories où elle était engagée réunis, loin devant les Cobra Dragonsnake d’usine.
LA 427 « FLIP-TOP », CSX2196
Pour contrer la menace des Corvette Grand Sport en 1964, Ken Miles se mit en tête de remplacer le moteur 289 de la Cobra par quelque chose de plus gros, et de glisser un bloc 427 de NASCAR dans la voiture. Bolide expérimental, CSX2196 fut équipé d’une carrosserie unique dont l’avant et l’arrière de la carrosserie basculaient d’une pièce pour améliorer l’accès à la mécanique, à la manière de la GT40, ce qui lui donna son surnom de « Flip-Top ». Miles la trouva si disgracieuse, qu’il préférait l’appeler « The Turd » (la mer..). À moins que cela n’ait quelque chose à voir avec son comportement qui la rendait inconduisible ? Quoi qu’il en soit, lorsqu’elle courut pour la seule fois, à la Speed Week de Nassau, en 1964, elle s’avéra plus rapide que les nouvelles Corvette, avant de casser. Décision fut prise d’adopter le moteur 427 sur les Cobra, non sans d’abord modifier profondément son châssis. La suite, c’est la Cobra Mk.III…
LA DAYTONA DE DÉVELOPPEMENT, CSX2287
Ne pouvant rivaliser en vitesse de pointe avec les Ferrari sur des circuits tel que celui du Mans, il était primordial d’améliorer l’aérodynamique des Cobra. C’est à cette tâche que s’est attelé le jeune Peter Brock, 27 ans, en travaillant sur la base du châssis accidenté de la Mk.I CSX2014. À vrai dire, personne ne croyait au dessin réalisé par le jeune homme, pas même un expert en aviation mandaté par Shelby, alors Brock a pris le volant du prototype (désormais basé sur le châssis de Mk.II CSX2287), et le fit rouler à 300 km/h au premier essai. Mission accomplie ! Seul coupé Daytona assemblé aux États-Unis (les cinq autres l’ont été à la Carrozzeria Gransport, à Modène), CSX2287 remporta sa classe aux 12h de Sebring 1964 avant de passer aux mains du légendaire producteur Phil Spector, avant de disparaître dans les années 70. On la retrouvera dans un hangar en 2001 et elle a intégré depuis le National Historic Vehicle Register américain, devenant ainsi un objet historique préservé.
LA PREMIÈRE COBRA DE PRODUCTION, CSX2001
La toute première Cobra de production a immédiatement commencé à courir aux mains de pilotes privés et a atterri en France en 1964, rachetée par Jean-Marie Vincent qui souhaitait l’engager au Mans. Il la fera plutôt courir au Tour Auto avec un curieux hard-top, à Montlhéry (victoire à la Coupe de Paris), et dans des courses de côte. Son curieux destin l’a vu utilisée par Johnny Hallyday (qui a posé avec dans le magazine Salut les Copains), puis connaître une seconde vie de fêtes et d’excès à Casablanca… Elle est aujourd’hui entre les mains du collectionneur américain Bruce Meyer.
LA VOITURE ÉCOLE ET STAR DE CINÉMA, CSX2005
Il n’y avait pas que la course pour faire leur promo : les Cobra ont également été vues au cinéma dans quelques films avec Elvis Presley, mais celle qui a eu le rôle le plus important fut sans doute CSX2005 que l’on voit « pilotée » par un John Cassavetes (totalement inexpérimenté) dans À bout pourtant (1964), le dernier film dans lequel est apparu Ronald Reagan avant de se lancer en politique. Après la gloire à l’écran, CSX2005 a rejoint la Carroll Shelby School of High Performance Driving (école de conduite de pilotage de hautes performances de Carroll Shelby), affublée d’un très visible T, comme « Trainer » (apprentis) pour prévenir les autres usagers du circuit de Riverside. Et parmi les apprentis à s’être alors glissés à son volant, on compte des acteurs tels que James Garner ou Steve McQueen, dont on vantera plus tard le coup de volant. Merci à elle !
Cet article est paru dans le Hors Série Octane ‘Les 60 ans de la Cobra’ que vous pouvez vous procurer sur ngpresse.fr.