La fin des années 70 n’est pas la période la plus amusante en matière automobile. Les deux chocs pétroliers ont conduit à l’instauration de mesures anti-gaspi, anti-vitesse, anti-joie un peu partout. La Golf GTI 1 600 110 ch commercialisée en 1976 a le mérite de remettre la banane aux passionnés de conduite sportive, tout en ouvrant un segment de marché dans lequel la concurrence, notamment française, va s’engouffrer. Durant les années 70, le groupe Volkswagen, alors dénommé VAG, admire avec fierté et sans vraiment s’inquiéter l’énorme succès de sa Golf dessinée par Giugiaro. Certes, une version 1 800 cm3 de la GTI est à l’étude à Wolfsburg, mais sa sortie n’est pas prévue avant 1983.
Fin 1980 chez VAG France, l’inquiétude est autrement plus grande car l’arrivée prochaine de la Renault 5 Turbo et de quelques autres pourraient bien sabrer les ventes de GTI, qui représentent alors 25 % des modèles de Golf vendus en France ! Pour anticiper cette riposte, VAG France insiste auprès de sa maison mère et obtient qu’une équipe d’ingénieurs travaille à améliorer la GTI 1 600. Faute d’avoir une solution toute prête sous la main, VW va se retourner vers un des nombreux préparateurs de l’époque : OKRASA (Oettingers KRAftfahrtechnisher SpezialAnstal, simplifié ensuite en Oettinger).
Le préparateur-tuner a développé une culasse 16 soupapes double arbre, solution jugée par les ingénieurs VW préférable à celle de la suralimentation, difficile à fiabiliser. Avec 136 ch à 7 000 tr/mn, 16 mkg à 5 500 tr/mn et près de 200 km/h en pointe, la préparation validée en haut lieu va permettre aux responsables de VAG France de retrouver le sommeil. Pour distinguer cette nouvelle version de la Golf GTI, VW ajoute des logos, une calandre 4 phares, un kit carrosserie BBS, des jantes ATS, et “quelques” milliers de francs au tarif de la GTI normale qui vont faire grincer les dents. En 1981, la Golf GTI 16S Oettinger coûte le prix d’une BMW 323i !
Jusqu’à 8000 tr/mn
Volant en main, elle sublime le concept de départ en lui donnant un supplément d’âme ensorceleur. En grimpant jusqu’à 8 000 tr/mn, la sonorité du 4 cylindres envoûte, les performances dégoûtent (0 à 100 km/h en 7’’6, 1 000 DA en 29’’4), la tenue de route… déroute, et le pilote en rajoute. Pourtant adapté grâce à des plaquettes Ferrodo et à un liquide haute performance, seul le freinage calmera les ardeurs du conducteur. Produite de 1981 à 1983, date à laquelle la 1 800 sort, cette version voulue par la France (et qu’on nous envie) ne sera répliquée qu’à 1 300 unités, un chiffre qui ne reflète pas l’engouement qu’elle a suscité à l’époque.
Ce relatif échec commercial s’explique de plusieurs façons. D’une part, la concurrence tant redoutée aura fait pschitt lors de sa sortie (la Golf GTI suffisait à la tenir en respect), les culasses 16S traîneront une réputation de fragilité non usurpée, et les capacités de production de la petite maison Oettinger n’auront jamais permis de répondre au flux de commandes du lancement. Dès lors, tous les ingrédients pour mitonner un mythe automobile étant réunis, la VW Golf GTI 16S Oettinger est devenue aujourd’hui un Graal que beaucoup traquent sans relâche.