Depuis 1987, le sommet de la gamme Renault 21 est la Turbo, forte de 175 ch. Une berline sportive au fort caractère capable de tourner autour des Mercedes 190E 2.3-16 et BMW M3 ! A l’automne 1989, le Losange présente une déclinaison quatre roues motrices de la 21 Turbo, s’immisçant ainsi dans la cour des familiales quatre saisons au même titre que la Peugeot 405 Mi16 x4 quelques mois plus tôt. Cette 21 Turbo Quadra reprend l’esthétique de son homologue deux roues motrices, à savoir un kit carrosserie comprenant des bas de caisse et des jupes avant et arrière spécifiques ainsi que des jantes à 5 bâtons. On trouve également l’inscription 2L Quadra sur la malle arrière et une énorme sortie d’échappement ovale. Ce n’est peut-être pas ce qui se fait de plus élégant, mais l’ensemble a le mérite de rendre plus agressive une ligne plutôt fade en temps normal.
Basée sur la R21 restylée, cette sportive bénéficie des quelques évolutions apportées par la marque (planche de bord redessinée intégrant des commandes de chauffage par potentiomètres, feux arrière légèrement arrondis). L’habitacle est identique à celui de la Turbo deux roues motrices, avec des baquets enveloppants et confortables ainsi qu’une sellerie en velours spécifique. En revanche, le tableau de bord gagne un bouton permettant le blocage manuel du différentiel arrière. Le système Quadra conçu par Renault comporte, un plus d’un différentiel arrière blocable, un visco-coupleur central. A noter le fonctionnement particulier du blocage: celui-ci n’est actif qu’en 1re et en marche arrière, pour se sortir d’un mauvais pas. Si l’on n’est pas sur un de ces deux rapports, le dispositif se déverrouille automatiquement. La répartition du couple est de 65 % sur le train avant et 35 %.
Motricité impériale
Ce transfert de couple vers l’arrière permet de mieux canaliser la vigueur du 2.0 turbo à 8 soupapes, un moteur dont le couple de 27,5 mkg déboule violemment à partir de 3000 tr/mn. Ainsi, alors que la 21 Turbo “normale” souffre d’une motricité très moyenne sur chaussée humide ou grasse, la Quadra fait preuve d’une motricité impériale et d’une tenue de route exemplaire quelles que soient les conditions climatiques. A cela s’ajoute une réduction des remontées de couple dans la direction, un plus appréciable. Si l’auto se montre survireuse lorsqu’on l’engage en douceur, une réaccélération franche une fois que la voiture est placée fera glisser la poupe.
Malgré son tempérament sportif et sa dureté tant dans la suspension (les ressorts ont été fortement affermis par rapport à une 21 standard) que dans la commande de boîte, cette familiale n’est pas pour autant inconfortable et a su conserver sa vocation familiale, permettant d’envisager de longs trajets sans fatiguer, d’autant plus que le moteur se montre discret. De plus, la disponibilité du moteur autorise des dépassements sereins. On reprochera une présentation un peu juste ne pouvant rivaliser avec les standards allemands, ainsi qu’une précision et une vivacité en retrait par rapport à sa concurrente sochalienne, plus légère.
En raison de la transmission intégrale, la 21 Turbo Quadra affiche 130 kg de plus sur la balance que la 21 Turbo traction, soit 1345 kg. Les performances sont donc légèrement grevées avec un 0 à 100 km/h en retrait de 4 dixièmes (7’’9) et une Vmax plus faible de 6 km/h (222 km/h). Cela n’empêche pas la Française d’être toujours au niveau d’une Mercedes 190E 2.3-16, plus puissante de 10 ch et moins lourde. Le freinage, assuré par quatre étriers monopiston et quatre disques (ventilés à l’avant), se montre quant à lui à la hauteur des performances de l’auto. L’arrivée du catalyseur en 1993 fera malheureusement perdre un peu de sa superbe à cette Française performante, polyvalente et rare (875 exemplaires produits) puisque le 2.0 turbo sera amputé de 13 ch.