La Mégane R.S., dans sa version F1 Team R26, fait déjà figure de référence absolue chez les GTI, à défaut d’être la plus puissante ou la plus amusante. Son train avant à pivot indépendant et l’autobloquant mécanique GKN offrent une motricité étonnante pour une traction, ainsi qu’une tenue de route hors pair. Pourtant, en octobre 2008, Renault Sport crée la surprise en commercialisant une version encore plus radicale, afin d’offrir une sortie en apothéose à la Mégane II R.S. avant sa disparition. Baptisée R26.R, l’auto adopte une philosophie résolument tournée vers une utilisation circuit. Un fait unique dans le petit monde des GTI.
L’habitacle est débarrassé de tout le superflu : places arrière, clim automatique (la clim manuelle est cependant de série), autoradio, insonorisation et airbags (sauf celui du conducteur). De profonds baquets Sabelt en carbone avec harnais six points, une première dans la catégorie, font leur apparition. L’arceau optionnel contribue plus au look qu’à la rigidité de l’auto, mais 80 % des acheteurs le choisiront. Des vitres de custodes et une lunette arrière en Lexan (– 5,7 kg) sont installées. Le capot est remplacé par un élément en carbone apparent. Une ligne en titane, optionnelle, contribue également à la chasse au poids et offre une sonorité plus flatteuse. Les antibrouillards avant et l’essuie-glace arrière sont supprimés. Pour le look, les jantes sont rouges ou noires, et le stripping comprend l’inscription “R26.R” écrite en miroir sur le bouclier avant. Le ton est donné. On retrouve le 2.0 turbo offrant 230 ch et 31,6 mkg présent dans la R26. La commande de boîte a simplement été raccourcie pour une précision incomparable (la tringlerie est fournie par le service compétition de Renault Sport).
Reine du Nürburgring
Avec 123 kg en moins sur la balance (1 232 kg), la R abat le 0 à 100 km/h en 6’’0, et la borne kilométrique est franchie en 25’’9. Un gain respectif de 0’’5 et 0’’7. Le régime minceur et la recherche d’efficacité ont conduit les ingénieurs de Renault Sport Technologies à peaufiner les réglages du châssis. Les lois d’amortissement ont été modifiées, et les ressorts ont pu être assouplis grâce au gain de poids.
Résultat, l’auto est étonnamment confortable, les mouvements de caisse sont réduits, et le châssis exceptionnel de la R26 devient carrément démoniaque, offrant des vitesses de passage en courbe ahurissantes. D’autant plus si l’on opte pour les semi-sliks Toyo Proxes R888 (choix de 64 % des acheteurs) à la place des Michelin Pilot Sport. La différence entre les deux gommes est importante, comme nous l’avons constaté sur la piste Club de Magny-Cours. Chaussée des Michelin, la R26.R boucle le tour en 1’28”57, contre 1’27”34 avec les Toyo ! Mais c’est évidemment sur la boucle Nord du Nürburgring que la plus radicale des sportives compactes a marqué l’histoire en signant un chrono de 8’17 aux mains du pilote maison Vincent Bayle le 23 juin 2008. Cet exploit fit de la Française la traction la plus rapide, loin devant l’Astra OPC (8’36). A titre de comparaison, l’Aston Martin Vanquish fait le même chrono, et la M3 E46 est reléguée à 5’’ ! Une belle publicité pour cette série limitée à 450 exemplaires (126 pour la France). Et surtout une formidable démonstration du savoir-faire des hommes de Renault Sport Technologies et de la marge de manoeuvre laissée par la maison mère.