Au Salon de Genève 1999, Renault crée la surprise en exposant une tonitruante Clio badgée de son département compétition. Pour trouver une descendance au séduisant mais exclusif Spider, Renault Sport jette donc son dévolu sur la deuxième génération de la petite citadine du losange. Les fans nostalgiques de la Clio Williams mais aussi de toute une généalogie de petites bombes sont ciblés. Et Renault vise juste pour sa “RS”, comme il est désormais coutume de l’appeler, avec en premier lieu un look résolument sportif qui rompt avec le reste de la gamme. Le bouclier avant spécifique et les ailes larges confèrent une allure plus brutale à la sage compacte. S’ajoutent une jupe latérale, des jantes alliage O.Z de 15’’ de diamètre et un petit becquet de hayon pour fignoler la tenue de sport. Dans l’habitacle, pas de changement majeur mais le petit volant en peau retournée, les pédales, le pommeau de levier de vitesse en alu et surtout de beaux sièges en cuir et Alcantara plus enveloppants font en partie oublier un ensemble peu flatteur. Agencement, plastiques, ajustements, la finition de la petite Renault est à la hauteur de son tarif… premier prix. On se console avec une dotation de série très généreuse en équipement qui tranche avec la radinerie des temps passés. Mais l’essentiel est ailleurs, installé sous le petit capot en alu.
Partant du vieux bloc F4R que l’on trouve dans une configuration plus “soft” sur d’autres modèles de la gamme (Espace, Laguna, Scénic), les ingénieurs Renault Sport ont gagné une trentaine de chevaux, soit 172 au total. L’équipage mobile, la culasse et les collecteurs ont pour cela été entièrement repensés, à l’image du calage variable de l’arbre à cames d’admission. Le VVT, sans égaler l’effet VTEC, génère un vrai regain de punch vers 5 000 tr/mn. Ensuite c’est la furie jusqu’à plus de 7 000 tours et la torture pour le train avant qui renvoie de généreux effets de couple dans le volant.
Excellent rapport prix/plaisir
Hormis une vitesse maxi plutôt moyenne en raison d’une aérodynamique peu soignée, les performances sont clairement dans le haut du panier. En accélérations, la Clio fait mieux que la BMW 323ti et surclasse très largement la Peugeot 306 S16 et la Citroën Xsara VTS. Question comportement, elle se montre tout aussi redoutable. Si certains reprochent aux sportives modernes d’oublier les sensations, la Clio RS, fermement suspendue, se montre la digne héritière de la Williams. La qualité majeure de l’auto demeure le train avant hyper directeur. Inutile de se poser trop de questions, il suffit de braquer et la RS se cale sur la trajectoire sans défaillir, même sous forte accélération.
Gare néanmoins à la motricité insuffisante sur le mouillé. Assez neutre de prime abord, le châssis ne manque pas de piment si on en rajoute, grâce à un train arrière très sensible aux transferts de masse brutaux. Cela dit, on ne retrouve pas la tendance survireuse d’une 206 S16. Au final, le plaisir de conduite est immense et le rapport prix/plaisir de premier plan. Le succès amplement mérité de cette Clio donnera le signal de départ du développement d’une vraie gamme Renault Sport, avec la réussite que l’on sait.