La 306 S16 n’a pas connu un succès immédiat, loin s’en faut. Lancée en 1993, la première génération ne parvient pas à convaincre les sportifs nostalgiques des flamboyantes 205 et 309 GTI. Le 2,0 litres développant 150 ch n’a pas d’âme ni de peps, des lacunes mises en exergue par un châssis, lui, très réussi.
Peugeot rectifie superbement le tir en 1996 avec le lancement d’une deuxième génération de S16 au moment du restylage de la 306. Le quatre cylindres en fonte reçoit une foule de modifications concentrées essentiellement sur le haut-moteur. L’équipage mobile est par ailleurs allégé et une nouvelle gestion Magnetti Marelli fait son apparition. Le gain de 17 ch et 1 mkg s’accompagne d’une amélioration considérable des performances mais surtout d’une véritable métamorphose du caractère de la mécanique. Le XU10J4, devenu XU10J4RS, affiche désormais une belle vivacité à tous les régimes et une vraie rage dans les tours, caractère souligné par la présence inédite d’une boîte à six rapports. Un poil longue mais plutôt bien étagée, cette transmission bénéfique aux performances présente un revers de la médaille plutôt cocasse. Son encombrement à l’extrémité du moteur installé transversalement limite considérablement le braquage, mais seulement du côté droit ! Qu’importe, diront les fans, puisque cette formidable sportive réagit à la moindre impulsion au volant.
Au sommet de la catégorie
La proue est hyper incisive et le train arrière, dit “autodirectionnel”, induit un micro-braquage en appui et enroule avec panache. La S16 avale les obstacles sans roulis ou presque, avec une précision et une aisance épatantes. Agile, sûre, joueuse et parfaitement suspendue, cette Peugeot frise la perfection dynamique et procure un formidable agrément de conduite, doublé d’une efficacité au sommet de la catégorie.
Les ingénieurs ont réussi l’exploit de conjuguer un tempérament proche de celui des 205 et 309 avec une maturité rendant la 306 beaucoup moins exclusive à piloter. Formidable négociante en virages, la Sochalienne fait aussi des merveilles en performances pures, domaine dans lequel elle surclasse la mythique Clio Williams mais surtout sa rivale directe de l’époque, la Mégane Coupé 2,0 litres.
Cette dernière concède en effet près d’une seconde au 1 000 m départ arrêté à la S16 ! Peugeot enfonce le clou avec un tarif très attractif et même une version légèrement dépouillée, injustement baptisée “Confort”, encore moins chère et qui donne accès au plus grand nombre à l’une des GTI les plus abouties jamais présentées jusqu’ici. Avec la 307, la suite de l’histoire sera beaucoup moins passionnante.