Après Honda, c’est au tour de BMW de jeter l’éponge en 2000 en se séparant du groupe Rover, tout en ayant pris soin de conserver la branche Mini. Heureusement, un groupe d’investisseurs anglais prend le relais. “Rover is back home” avec en prime un déploiement de MG pour les sportives. Mais cela ne suffira pas à gonfler les chiffres de ventes de gammes vieillissantes. En 2004, au bord du gouffre, MG dévoile la ZT 260, une offre alors unique en Europe. Avec un gros V8, des roues arrière motrices et un prix serré à moins de 45 000 euros, elle est sans concurrente directe à nombre de cylindres égal.
Dérivée de la ZT 190 (une Rover 75 à la sauce MG), la 260 s’en distingue très peu esthétiquement, à un gros détail près, le bouclier arrière n’abrite plus deux mais quatre sorties d’échappement, la partie émergée de l’étonnante mécanique greffée sous le capot frappé de l’emblème du Morris Garage (MG). Le V8 en question est emprunté à la Ford Mustang… ancienne génération. Avec son bloc en fonte, ses deux soupapes et ses culbuteurs, ce 4,6 litres pour le moins rustique affiche un rendement d’un autre âge et ne développe “que” 260 ch. Le rêve américain en prend un coup mais, en contrepartie, les passagers profitent du ronron d’une mécanique qui ne manque pas de charme.
Sur le couple
La ZT se conduit sur le couple, très généreux, acceptant parfaitement de cruiser en dessous de 1 000 tours en glougloutant gentiment, mais rechignant à jouer les sprinteuses. Allergique aux hauts régimes et accusant plus de 1,7 tonne sur la balance, la grande MG accélère en effet à peine plus fort qu’une 206 RC (177 ch). Avec 27”8 au 1 000 m D.A., on est très loin des familiales sportives de puissance équivalente que sont la Volvo S60R (300 ch) ou l’Alfa Roméo 156 GTA (250 ch). Le comportement, en revanche, est enthousiasmant. Au-delà du passage à la propulsion qui a nécessité d’importantes modifications, le travail réalisé sur le châssis octroie de vraies qualités dynamiques à cette surprenante berline. L’amortissement, ferme et consistant, permet de bien sentir la route et supporte fort bien la masse importante de l’auto. Sous l’impulsion d’une direction précise, le train avant répond au doigt et à l’oeil, et l’équilibre général demeure excellent, avec en prime un autobloquant à l’arrière pour digérer les débordements de couple.
Gare cependant à ne pas prendre la ZT pour une authentique sportive, ce qu’elle n’est pas. Impériale en conduite coulée, elle accuse le coup lorsqu’on la bouscule fermement et finit par se désunir en provoquant davantage de sous-virage que de glisse digne d’une propulsion épicée. Cela dit, même bardée de défauts, cette auto pas comme les autres demeure très attachante, et bienheureux sont les malins qui ont acheté les derniers modèles de ce collector soldés à 50 %.