Pilier incontournable et historique de la Formule 1 au même titre que Ferrari, McLaren maîtrisait beaucoup moins l’automobile routière jusqu’au début de la décennie actuelle. Tout le monde garde évidemment en mémoire la désormais mythique F1 et son superbe V12 BMW atmosphérique, même si cette dernière constituait un échec commercial cuisant dans les années 90. Personne n’oublie non plus la spectaculaire SLR construite en collaboration avec Mercedes, dont les vices inhérents marquent le profond désaccord entre les Allemands et les Anglais sur la conception d’une sportive routière. Voilà pourquoi la firme de Woking préfère faire cavalier seul depuis ce temps, et décider à 100 % des choix techniques de ses voitures de route.
En 2011, McLaren lance ainsi la MP4-12C qui marque le début d’une nouvelle ère pour le constructeur anglais: plus question de se limiter à la compétition automobile, les Britanniques veulent désormais s’imposer parmi les références des fabricants de voitures de sport. Et les moyens mis par McLaren impressionnent vraiment: la première sportive de grande série de la marque possède un châssis monocoque en fibre de carbone, comme les supercars les plus élitistes de la planète. Elle vise pourtant des super-sportives plus abordables comme la Ferrari 458 Italia, qu’elle surclasse sur le papier avec sa masse limitée et son V8 biturbo développant dans un premier temps 600 ch. Après des premiers retours très critiques de la part de la presse et des clients, McLaren revoit légèrement la mise au point de cette MP4-12C. Devenue simplement “12C”, elle développe désormais 625 ch à l’heure où ses rivales de chez Ferrari et Lamborghini se contentent de 570 ch atmosphériques.
Sur la route, l’Anglaise fait forte impression avec sa technologie avant-gardiste et maîtrisée. Dépourvue de barres antiroulis et équipée d’un inédit réseau de suspensions interconnectées hydrauliquement, la 12C peut déployer un confort d’amortissement remarquable dans la vie de tous les jours. En utilisation tranquille, elle ne souffre que d’une boîte de vitesses (à double embrayage) légèrement moins docile que chez Ferrari lorsqu’il faut effectuer des manoeuvres. Si son intérieur au style épuré flatte le regard, certaines commandes de bord pourraient également bénéficier d’un fonctionnement plus intuitif. Mais ce n’est que lorsque vous utilisez son plein potentiel de performance que la 12C fait la différence par rapport à ses rivales.
Performances hors norme
Même en version Spider plus lourde de 40 kg, ses accélérations donnent le tournis en ligne droite. Pensez donc: ce cabriolet deux places expédie le 0 à 100 km/h en 3’’2 et ne demande que 19’’6 pour abattre le kilomètre départ arrêté (vidéo). À titre de comparaison, une Ferrari 458 Italia réalise le même exercice en 20’’3 ou une Nissan GT-R, en 20’’4. Même la grande Lamborghini Aventador LP700-4 et sa transmission intégrale ne la devancent que de deux petits dixièmes! L’auto sait aussi faire preuve d’une efficacité impressionnante sur la piste. Modèle d’équilibre et de précision, elle ne pivote pas autant sur les freins qu’une 458 Italia mais se place où il faut pour aller très, très vite. Développant une motricité remarquable compte tenu de la puissance et du couple disponibles, elle semble réellement soudée au bitume et n’accepte de glisser du train arrière qu’en cas de provocation exagérée.
Pensée et conçue pour les fétichistes des performances pures, elle prodigue indéniablement des sensations fortes mais ne se départit que rarement de son tempérament froid et méthodique. Sur ce plan, une Ferrari reste plus chaleureuse dans ses réactions. Entre ces deux philosophies comportementales, gageons qu’il s’agit d’un choix philosophique qui revient au client. Mais si ce dernier veut rouler le plus vite possible, ce n’est plus la Ferrari qu’il lui faut préférer. Quoi qu’il en soit, les qualités de la 12C relèvent du véritable tour de force pour un constructeur aussi nouveau sur le marché des sportives routières de “grande” série.