Avec le retrait de l’Esprit en 2003, le petit constructeur anglais abandonne le Grand Tourisme pour se concentrer sur l’Elise et l’Exige. Il faudra attendre trois ans pour que la marque d’Hethel reparle de GT avec l’Europa S, dont le nom rend hommage à la Lotus Europe de 1966. Le nouveau modèle repose sur une ossature étroitement dérivée de celle de l’Elise. Nous retrouvons un châssis en extrudés d’aluminium collés à la résine époxy, une technologie de pointe largement éprouvée qui allie légèreté et rigidité. Bien que le constructeur présente l’Europa comme une voyageuse au long cours moins radicale que sa petite soeur, elle n’en reste pas moins une sportive authentique et atypique, à l’image de l’accès à bord. Celui-ci demande toujours un joli coup de reins, même si les caissons latéraux sont abaissés et renforcés, et que la surface vitrée plus haute permet d’avoir une entrée agrandie. Juste de quoi tomber dans les fins baquets recouverts de cuir. L’habitabilité brille par son confinement, mais tout tombe idéalement sous la main, à commencer par le levier de vitesse. L’équipement est riche pour une voiture produite à Hethel, avec climatisation, vitres électriques et GPS de série. Cet embourgeoisement très relatif est en grande partie responsable d’un poids en hausse de près de 70 kg par rapport à l’Exige S, mais l’honneur est sauf puisque l’auto reste symboliquement sous la tonne.
Outre son penchant pour le luxe, la mini “GT” de chez Lotus se démarque de ses congénères par un empattement supérieur de 3 cm et une carrosserie étirée de 11,5 cm, permettant notamment d’accroître le volume de coffre de 40 %. Esthétiquement, elle reçoit des optiques spécifiques qui lui font perdre en agressivité – d’aucuns diront en charme – par rapport à l’Elise. Toujours installé transversalement en position centrale arrière, le 2,0 litres turbo Opel remplace le 1,8 l atmo Toyota. Un air de déjà vu puisque le Speedster Turbo, un proche cousin, avait déjà bénéficié de la même mécanique. Ce quatre cylindres au tempérament radicalement opposé à celui de son homologue nippon colle à merveille à la philosophie plus “autoroutière” de l’Europa.
Parfaitement communicative
Les 200 ch n’ont rien d’exceptionnel dans l’absolu mais, ramenés au poids de l’engin, ils conditionnent des performances de premier ordre. Les accélérations sont du niveau de celles d’une Porsche Cayman. Qui plus est, la “GT” de la famille Lotus demeure une machine à sensations. Installé au ras du sol dans un univers fleurant toujours bon la course, le pilote jouit d’une auto parfaitement communicative, vivante à souhait et ultra efficace.
Même si les puristes voient dans l’Europa une Elise dégradée sur l’autel du confort, elle reste une sportive extrême rendant chaque kilomètre exquis. On lui reprochera tout au plus un train avant un peu léger qu’il convient de placer avec soin, et surtout l’absence de différentiel autobloquant, mais rares sont ses contemporaines à procurer autant de plaisir. Un plaisir que Lotus fait payer cher. Son petit coupé est 25 % plus onéreux qu’une Audi TT V6 de 250 ch mais peut compter sur un rapport prix/sensations exceptionnel. Bien qu’elle n’ait pas eu le succès commercial escompté, l’Europa S profite aujourd’hui de sa rareté et de ses nombreuses qualités pour bien tenir la côte.