Dans l’esprit de tous, Lexus est perçu uniquement comme un constructeur de placides berlines hybrides. Pourtant, la marque a montré avec l’IS-F qu’elle était capable de réaliser des autos sportives n’ayant pas grand-chose à envier à la concurrence allemande. En 2010, la firme de luxe de Toyota surprend tout le monde avec l’extravagante LFA, bien loin de ses productions habituelles. Cette supercar ultra-technologique a demandé pas moins de dix ans de développement avant de voir le jour. Une durée exceptionnellement longue liée en partie à la décision tardive d’utiliser à haute dose le carbone (65 % de l’auto), ce qui a nécessité trois ans supplémentaires aux ingénieurs pour la mise au point de leurs propres procédés de fabrication. Le résultat de cette décennie de développement donne une auto au design entièrement dicté par la fonction. A défaut d’oeuvre d’art, on a droit à une carrosserie dotée de multiples subtilités, où chaque détail est peaufiné pour améliorer l’aérodynamique et le refroidissement.
Pour l’animer, Lexus s’est allié à Yamaha pour concevoir un chef-d’oeuvre d’orfèvrerie et de technologie: ouverture à 72° (angle idéal d’un V10), bielles et soupapes en titane, injection directe, pistons forgés ou encore carter sec. Avec une puissance de 560 ch et un couple de 48,9 mkg perché à 6800 tr/mn, ce V10 de 4,8 litres de cylindrée n’est pas le plus puissant de la catégorie. Pourtant, il autorise à la LFA des performances parmi les meilleures de la production automobile. Le 0 à 100 km/h est abattu en 4’’4 (un peu décevant mais nous l’avons réalisé par un froid glacial, les pneus avaient donc du mal à avoir du grip), tandis que la borne kilométrique est atteinte en 21’’2 avec une vitesse finale de 260 km/h (vidéo), ce qui en fait à l’époque l’une des meilleures sprinteuses de la planète. A titre de comparaison, la très efficace Ferrari 458 Italia effectue le même exercice en 20’’8.
9500 tr/mn !
Mais plus que les performances qu’il procure, le bloc de la Japonaise se distingue par sa musique inimitable et son caractère volubile. Il faut un petit temps d’adaptation pour se faire à cette mécanique capable de prendre 9500 tr/mn! Et que dire de sa spontanéité, digne d’un moteur de Formule 1 ? La puissance est transmise aux roues arrière via une boîte robotisée à 6 rapports à l’étagement idéal, mais dont la relative lenteur et la violence extrême rappellent que sa conception date d’une époque où des passages en 200 ms étaient largement acceptables. Sauf qu’entre-temps le concept a été largement amélioré, et que certains comme Ferrari sont descendus à 60 ms avec bien plus de douceur.
On se consolera en revanche par l’équilibre exceptionnel et la vivacité de l’auto. Ultra-rigide grâce à sa coque en carbone, elle se place au millimètre. Sa direction électrique est l’une des meilleures du genre. Léger, précis et hyper informatif, le feeling au volant est irréprochable, tout comme la suspension. Les amortisseurs monotubes à réservoir hydraulique séparé, s’ils n’offrent pas un toucher de route aussi fin que l’amortissement piloté de la 458 Italia, absorbent tout et procurent notamment une stabilité sans faille au freinage. On note également l’absence totale de mouvements de caisse parasites. Le freinage, confié à un système carbone-céramique, se montre particulièrement puissant. Grâce à tout cela, la Lexus LFA s’est offert pendant un temps le meilleur chrono sur la piste Club de Magny-Cours, avec un impressionnant 1’20’’64, reléguant la GT-R à 1’’11. Finalement, la firme nippone a réussi son pari : offrir une véritable supercar efficace et pleine de sensations. Pour les plus exigeants, un optionnel Pack Nürburgring (aéro et suspensions améliorées, pneus plus sportifs et surplus de 11 ch) a même été proposé pour 50 des 500 LFA…