Chez Lancia, on a toujours fait des autos performantes, sûres et plutôt luxueuses. Les fameuses “Lambda” des années 20 avaient donné le ton. Les frères Lancia ne feraient pas des Fiat. Alors, naturellement, la compétition, au cours des âges, a soutenu la production. Passons sur l’âge de pierre pour nous souvenir que la “Scuderia Ferrari” a fait courir en Formule 1 des Lancia, les fameuses F50 à la silhouette si particulière, pour en venir directement aux rallyes. En 1954, Louis Chiron, pilote de Formule 1, remporta le Rallye Monte-Carlo au volant d’une Lancia Aurelia B20.
Quelque vingt ans plus tard, l’Italien Munari s’imposa à plusieurs reprises en Principauté : en 1972 d’abord sur une Lancia Fulvia HF, puis de 1974 à 1977 sur des Lancia Stratos. La dernière victoire de cette magnifique auto à Monaco date de 1979, avec Bernard Darniche et l’écurie française d’André Chardonnet, et la seule victoire de la 037 (prononcez SSSéro Trrrentaïtchiette) est due au pilote Allemand Walter Röhrl ; c’était en 1983. Ce petit rappel historique pour situer une auto hélas un peu oubliée mais qui succéda avec honneur à la légendaire Stratos, avant de céder le rang à la “S4” puis à une longue lignée de Delta HF integrale. Les voitures destinées au rallye ont ceci de particulier qu’elles sont conçues pour rouler sur la route. Enfin, en principe…
205 ch pour 1170 kg
La Lancia Rally a donc été produite à deux cents exemplaires pour satisfaire à son homologation, et quelques privilégiés ont pu la conduire au quotidien. Cette version développait 205 ch pour 1 170 kg, et son quatre cylindres monté longitudinalement en position centrale arrière était suralimenté par un compresseur volumétrique, ce qui, à l’époque du turbo, tranchait quelque peu. Cela donnait d’ailleurs à la Lancia “037” un bruit caractéristique, particulièrement aigu. L’auto était très agile, se pilotait comme un kart, mais il fallait “s’en occuper”, comme on dit.
On était bien dedans, on avait le quatre cylindres compressé en direct-live dans les oreilles, les commandes étaient parfaitement ergonomiques pour un conducteur, disons, sportif, et le compte-tours avait une propension extrême à enrouler jusqu’à 7 000. Une auto très attachante dont on connaît peu l’histoire, mais dont les heureux possesseurs ne se déferont pas facilement. Deux cents autos, plus quelques dizaines de voitures de course, c’est assez peu et assez bien pour faire rêver… et voir les prix s’enflammer de nos jours. Comptez environ 500 000 €.