La Murciélago, du nom d’un taureau de combat épargné le 5 octobre 1879 par le célèbre matador Rafael Molina pour son exceptionnelle combativité, marque un tournant important dans l’histoire de la marque. Présentée en septembre 2001 au Salon de Francfort, la remplaçante de la Diablo est la première nouveauté du constructeur depuis son rachat par Audi en 1998. Le design moins exubérant que celui de ses devancières, exception faite des portes en élytres présentes depuis la Countach, est d’ailleurs l’oeuvre d’un ancien de la marque aux anneaux, le Belge Luc Donckerwolke (à qui l’on doit le dessin de l’A2). Si le châssis tubulaire est dérivé de celui de la Diablo dans sa dernière évolution, il offre une rigidité accrue grâce à l’adjonction de renforts en carbone (fibre composite que l’on retrouve également pour la carrosserie sauf pour le toit et les portes toujours en acier). L’empattement gagne 15 mm (2665 mm), les voies sont élargies de 25 mm à l’avant (1635 mm) et 45 mm à l’arrière (1695 mm), alors que la largeur est quasiment inchangée (+ 5 mm à 2045 mm).
Des évolutions qui paraissent mineures mais qui permettent à la Murciélago d’afficher un comportement bien plus rigoureux que sa devancière. Fini le côté pataud et “missile de ligne droite”, place à un engin relativement agile en courbe malgré un gabarit imposant et une masse frôlant 1,7 tonne. Le train avant affiche même un réel panache à l’inscription. On déplorera toutefois une légère tendance au sous-virage liée à la fois au poids de l’Italienne et à sa transmission intégrale permanente héritée de la Diablo. Un phénomène que l’on peut combattre en soulageant la pédale d’accélérateur. La poupe se révèle elle chatouilleuse en sortie de courbe si le pied se montre un peu trop lourd.
Authentique Lamborghini
Malgré des manières plus civilisées, la Murciélago n’en reste pas moins une véritable Lamborghini avec des réactions viriles, une direction musclée et un gros V12 particulièrement présent. Cubant 6,2 litres, ce douze cylindres produit 580 ch et délivre un couple camionesque de 66,3 mkg. Placé en position centrale arrière, il transmet directement ses vibrations aux vertèbres des occupants et gronde à la moindre accélération. Il reçoit quelques innovations, comme un système limitant le couple via une action sur l’allumage et l’injection en cas de perte d’adhérence, ou une admission d’air variable. Les prises d’air latérales mobiles s’ouvrent plus ou moins en fonction de la température de l’air et du liquide de refroidissement. Plein à tous les niveaux, il ne lui faut pas plus de 3’’8 pour expédier le coupé à 100 km/h. Il autorise également une vitesse maximale de 330 km/h. Pour la première fois dans l’histoire de Sant’Agata Bolognese on trouve une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports. Son maniement est ferme mais ne demande pas non plus d’effort démesuré. Par la suite, une boîte robotisée à simple embrayage et 6 rapports, très perfectible, fait son apparition. La suspension confiée à des amortisseurs Koni pilotés digère plutôt bien les imperfections mais sa fermeté peut être usante sur route dégradée.
Contrairement à la Diablo, le freinage est ici particulièrement efficace même si le poids de l’engin peut le mettre à mal en cas de très forte sollicitation. Enfin, l’accès à l’habitacle est plus aisé que sur la Diablo grâce à une ouverture de porte plus importante et un seuil abaissé. L’habitabilité progresse tandis que la finition, l’ergonomie et la position de conduite s’améliorent. En 2006, Lamborghini revoit fortement sa copie avec la LP 640-4. Le moteur passe à 6,5 litres de cylindrée et délivre 640 ch. La face avant, les bas de caisse et la poupe redessinés offrent un look plus agressif et améliorent l’aérodynamique. La finition intérieure gagne encore en qualité et l’équipement est enrichi. Les suspensions et la boîte de vitesses sont revues, le système de freinage est majoré, et une option freins carbone-céramique fait son apparition. Tous ces changements contribuent à accroître les performances déjà exceptionnelles de la Murciélago et à la rendre encore plus désirable