Lorsque Ford lance en 2009 la Focus RS Mk II, tout le monde se pose des questions sur cette sportive. GTI la plus puissance du monde, comment va-t-elle réussir à transmettre efficacement 305 ch et 44,8 mkg de couple aux seules roues avant de manière efficace? D’après le constructeur, cela est possible grâce à deux éléments indispensables, un autobloquant mécanique, et surtout un inédit train avant à pivot découplé baptisé RevoKnuckle. Cette technologie, semblable au système utilisé par Renault sur la Mégane R.S. et la Clio R.S., permet de dissocier les fonctions de direction et de suspension. Cela permet en théorie de limiter les variations de géométrie et de garder ainsi une empreinte au sol optimale tout en réduisant les effets de couple dans le volant.
Dans la pratique, le système se montre effectivement très efficace. Le couple, identique à celui d’une Audi R8 V8, passe étonnamment bien au sol (à noter tout de même qu’il est limité en 1re et en 2e) même roues braquées, tandis que les remontées dans le volant permettent juste de se rendre compte du grip des pneus. Ainsi, alors que l’on pourrait s’attendre à un sous-virage caricatural, le train avant de la Focus RS mord la corde avec précision tandis que l’arrière suit le mouvement sans sourciller.
Comportement exceptionnel
Le punch mécanique du cinq cylindres 2.5 turbo dont le couple déboule dès 2300 tr/mn permet de sortir comme une balle de chaque courbe, d’autant plus que le mode de fonctionnement de l’auto est simple: freiner fort avant l’entrée en courbe, s’inscrire et réaccélérer très tôt en laissant l’autobloquant agir. A ce comportement exceptionnel, la compacte ajoute une direction au feeling parfait et un amortissement sans faille digérant tout quelle que soit la vitesse. Le freinage, seulement confié à de classiques étriers flottants monopiston pinçant toutefois d’énormes disques de 336 mm à l’avant et 302 mm à l’arrière, se montre également à la hauteur même lors d’importantes sollicitations sur routes sinueuses comme sur piste. Mais la Focus RS ne serait rien sans son atypique cinq pattes suralimenté. Dérivé du moteur de la Focus ST, ce 2,5 litres est doté d’un gros turbo Borg Wagner soufflant à 1,4 bar (deux fois plus que le turbo de la ST…), d’un équipage mobile spécifique ainsi que d’une admission et d’une ligne d’échappement inédites. Dénué de temps de réponse, il possède une santé démoniaque et surtout une voix envoûtante très caractéristique et inimitable.
Ultra-efficace sur route, la plus puissante des tractions se défend également très bien sur piste, à condition que la température ne soit pas trop élevée, ses gommes Continental ayant la fâcheuse tendance à chauffer très rapidement. Ainsi, c’est lors d’une journée particulièrement froide que cette super-GTI a réalisé son meilleur chrono sur notre base de référence de Nevers Magny-Cours avec un beau 1’28’’06. Cependant, la Mégane R.S. – moins puissante de 50 ch, plus légère et au châssis taillé pour la piste – se révèle plus rapide de 21 centièmes car elle conserve une vitesse plus constante dans les virages. Si cette deuxième mouture de la Focus RS a marqué la production automobile avec sa puissance phénoménale transmise uniquement à l’avant et son comportement à l’avenant, elle déçoit en revanche par sa présentation intérieure où seuls les excellents Recaro apportent une touche de sportivité. La position de conduite aurait par ailleurs mérité une plus grande attention car elle se révèle trop haute. Enfin, il faudra assumer le look très évocateur de cette WRC homologuée dont le kit aéro particulièrement visible ne laisse aucun doute sur les prétentions de l’engin