Pour célébrer le quarantième anniversaire de sa marque, Enzo Ferrari souhaite ressusciter l’esprit des fameuses berlinettes des années 50 et 60, époque à laquelle les clients couraient avec leur voiture de tous les jours. La descendante des 250 GTO et LM, entre autres modèles, est dévoilée le 12 mars 1987. Aucune concession au confort, aucune finesse. La F40 est un monstre au charisme aussi démesuré que son aileron. Cette supercar bénéficie des essais expérimentaux menés pour la 288 GTO Evoluzione qui se destinait au rallye avant la disparition du Groupe B en 1986.
L’héritage de la compétition transparaît dans une utilisation de matériaux composites inédite à une si grande échelle. Les fibres de carbone et de Kevlar sont employées à tour de bras pour alléger la carrosserie et renforcer le châssis tubulaire en acier. L’aérodynamique est également digne d’une voiture de course. Effet de sol, déportance (force tendant à plaquer la voiture au sol) à l’arrière et excellent coefficient de pénétration dans l’air se traduisent par une ligne d’une rare agressivité. Cette bestialité est à l’image de la mécanique, exposée telle une œuvre d’art sous une immense vitre en plexiglas. A la noblesse du V12, Ferrari a cette fois préféré la brutalité d’un V8 gavé par deux turbocompresseurs. Fort d’un rendement exceptionnel, ce modeste 2,9 litres développe 478 ch, octroyant à sa monture les titres de voiture de série la plus puissante et la plus rapide de son époque !
2,3 kg / ch
Avec seulement 2,3 kilos par cheval, la catapulte italienne atteint 200 km/h en 12 secondes, boucle le 1 000 m départ arrêté en 21”0 et croise à 324 km/h ! Sortie un an plus tôt, la mythique Porsche 959 n’est plus la reine de la route. Au-delà des chiffres, la F40 demeure avant tout une incroyable usine à sensations. Le ton est donné par un habitacle au dépouillement total. Parfaitement calé dans un véritable baquet de course en carbone, le pilote pose le regard sur un compte-tours gradué à 10 000 tr/mn et un tachymètre à 360 km/h ! Une pression sur un bouton réveille la bête.
La surprenante douceur des commandes contraste avec la brutalité du V8. Problématique sous la pluie, la violente mise en charge des turbos apparaît relativement maîtrisable sur le sec, où l’auto brille par une agilité époustouflante, rythmée par une fureur mécanique à vous glacer le sang. Enzo Ferrari disait : « Une voiture n’est pas une machine, elle a une âme, elle respire ». Ultime créature du Commendatore, la F40 restera le symbole intemporel de cette vision de l’automobile. La production a dépassé les 1300 exemplaires, mais sa grande diffusion pour une supercar n’empêche pas l’icône de Maranello de s’échanger à présent au delà du million d’euros.